Vincent Van Gogh, sa vie quelques oeuvres et l'auberge Ravoux
--> Le 14 Octobre 2017 - Auvers-sur-Oise
Lors de son séjour à Auvers-sur-Oise, Van Gogh a réalisé, en seulement 70 jours, près de 80 toiles dont une douzaine de portraits. Deux d'entre eux représentent Adeline, fille ainée des aubergistes Ravoux, alors âgée de 13 ans.
"Ce qui me passionne le plus, beaucoup, beaucoup davantage que tout le reste dans mon métier -c'est le portrait, le portrait moderne. Je le cherche par la couleur et ne suis certes pas seul à chercher dans cette voie. Je voudrais faire des portraits qui un siècle plus tard aux gens d'alors apparussent comme des apparitions."
Vincent Van Gogh, Auvers-sur-Oise, 5 Juin 1890
LA VIE DE VINCENT VAN GOGH ET QUELQUES-UNES DE SES ŒUVRES
Les textes qui suivent ont été retranscrits à partir des panneaux se trouvant à Auvers-sur-Oise (devant une école, à l'auberge Ravoux...). Les photos de Vincent jeune et de ses tableaux viennent du net.
VAN GOGH EN FRANCE
Dans
les années 1880, Théo, le frère, confident et mécène de Vincent, menait
une brillante carrière de négociant d'art à Paris. Capitale culturelle
du monde occidental, Paris était une étape indispensable pour tout
artiste peintre désirant faire connaitre son travail.
En février
1886, Vincent vint s'installer chez Théo à Montmartre et lia de
nombreuses amitiés dans le milieu des artistes d'avant-garde. Stimulé
par les échanges et les rencontres fécondes qu'offrait la capitale, son
talent y trouva son plein épanouissement. Par la suite, il put mettre en
œuvre ses théories et techniques dans le Midi de la France, en Arles en
1888 et à Saint-Rémy de Provence en 1889, repoussant sans cesse ses
limites. De retour dans le Nord en 1890, il trouva le repos à
Auvers-sur-Oise, où son œuvre devait connaître son apogée.
VAN GOGH LE VOYAGEUR
"Il me semble toujours être un voyageur qui va quelque part & à une destination".
Vincent Van Gogh, extrait de lettre à son frère Théo, Auvers-sur-Oise, 10 Juillet 1890.
En
37 ans, Van Gogh a connu 38 adresses différentes dans 4 pays. Il a vécu
entre autres à Groot-Zundert, La Haye, Amsterdam, Nuenen, Bruxelles,
Anvers, Londres, Ramsgate, paris, Arles, Saint-Rémy de Provence et
Auvers-sur-Oise... Chacun de ces lieux porte aujourd'hui des traces de
son passage.
Van Gogh ne possédait que peu de choses : son matériel
de peinture, quelques livres et à certaines adresses, quelques meubles.
Il rêvait d'une vie stable, mais était incapable de rester en place.
Durant les 33 premières années de sa vie, et notamment durant la période
dite "hollandaise", Van Gogh vivait dans un contexte plutôt familial.
Il logeait chez le révérend Slade-Jones et son épouse à Isleworth, chez
le boulanger Denis à Petit-Wasmes, vivait avec ses parents à Nuenen, ou
encore avec sa compagne Sien Hoornik et les enfants de cette dernière à
La Haye.
A partir de 1886, en France,Van Gogh fréquentait les cafés,
les cabarets, les restaurants, les pensions et les auberges. Cultivant
autant la solitude que la compagnie, Vincent y trouvait de la
conversation et de l'inspiration. Le Tambourin à Paris, la Pension Carrel et l'Alcazar en Arles, et enfin l'Auberge Ravoux
à Auvers-sur-Oise, établissements à dimension humaine, permettaient
l'attachement sans forcer l'enracinement, et correspondaient ainsi
parfaitement aux attentes du peintre. Simplicité, modestie, ambiance
familiale et vie de café étaient les caractéristiques principales des
maisons Van Gogh.
LE FILS DU PASTEUR :1853-1868
Vincent Van Gogh naît le 30 mars 1853, à 11 h du matin, un an jour pour jour après un premier enfant mort-né, prénommé lui aussi Vincent. Son père, Théodorus Van Gogh (1822-1885), est le pasteur protestant du petit village de Groot-Zundert, dans le Nord-Brabant. Ses paroissiens l'estiment beaucoup. Sa mère, Anna Cornelia Carbentus (1819-1907) est issue d'une vieille famille qui compte plusieurs pasteurs réputés.
A Zundert vont bientôt naître d'autres enfants : Anna (1855-1930), Théo (1857-1891), Élisabeth (1859-1936), Wilhelmina (1862-1941) et Cornelis (1867-1900). La maison, située en face de la mairie, devient vite trop petite.
Vincent fréquente l'école primaire du village. En compagnie de Théo, il parcourt la campagne, souvenirs qu'il n'oubliera jamais. Adolescent, il poursuit des études secondaires à Tilburg et à Zevenbergen jusqu'en 1868. Il lit beaucoup et apprend le français et l'anglais.
Photo 1 : Vincent Van Gogh enfant
Photo 2 : Vincent Van Gogh à 13 ans, en 1866
Photo 3 : Vincent et son frère Théo
UN JEUNE MARCHAND DE TABLEAUX : 1869 - avril 1876
A 16 ans, Vincent entre comme vendeur de tableaux et d'estampes à la Galerie Goupil de la Haye, sur la recommandation de son oncle Vincent. Il découvre les musées, le marché de l'art et la peinture hollandaise de son époque. Son directeur le décrit comme un employé consciencieux et appliqué. Il est donc nommé à la succursale de Londres en 1873.
A Londres, amoureux déçu de la fille de sa logeuse, Ursula Loyer, Vincent ne songe guère à son travail : il est muté eau siège parisien de Goupil.
Il retourne brièvement en Angleterre quelques mois plus tard mais est finalement rappelé à Paris en mai 1875.
La religion l'attire de plus en plus. Devant les remontrances de ses employeurs, il démissionne en avril 1876, après sept ans passés comme marchand de tableaux.
Vincent Van Gogh à 19 ans, en 1872 :
LA TENTATION MYSTIQUE : Mai 1876 - Octobre 1879
De retour en Angleterre, Vincent continue à étudier la Bible avec ferveur. D'abord aide-instituteur à Ramsgate, il devient, à Isleworth, l'assistant du Pasteur Jones qui semble comprendre et encourager sa vocation. Grâce à lui Vincent prononce son premier sermon en novembre 1876.
Après un bref séjour chez ses parents à Etten, Vincent obtient l'accord de son père, qui accepte de l'aider à devenir pasteur. Il prépare l'examen d'entrée de la Faculté de Théologie d'Amsterdam mais y renonce en juillet 1878. Cet échec ne le décourage pas : recommandé par son père et le Pasteur Jones, il fréquente une école d'évangélisateurs à Laeken, en Belgique.
En décembre 1878, l'espoir de Vincent semble se réaliser : il est nommé évangélisateur dans la région minière du Borinage en Belgique. Il vit d'abord à Pâturages, chez un colporteur, puis à Wasmes chez le boulanger Denis. La pauvreté des mineurs l'émeut profondément : il aspire à mettre sa vie en harmonie avec sa foi. Il se dépouille de ses maigres biens et habite une masure. Ses supérieurs jugent son attitude excessive et ne renouvellent pas sa mission en Juillet 1879.
Livré à lui-même, Vincent poursuit ce qu'il croit son devoir à Cuesmes. Malgré l'aide de Théo, il y mère une vie misérable de vagabondages. Il s'est pourtant mis à dessiner régulièrement, esquissant le triste paysage de Borinage et de sombres silhouettes de mineurs ou copiant Millet, qu'il admire. Pour la première fois, il s'interroge sur la peinture, pour laquelle il renoncera bientôt à la religion.
"Mine de charbon dans le Borinage" - Août 1879 :
DEVENIR PEINTRE : Novembre 1879 - Février 1886
Vincent se rend à Bruxelles, où il étudie le dessin et se lie avec le peintre Anton Van Rappard. Après un séjour à Etten entre avril et décembre 1881, il se fixe à La Haye en Décembre 1881. Il habite dans le quartier de la Gare du Rhin et trouve dans les environs de nombreux motifs.
Grâce à Anton Mauve, un peintre à qui il est apparenté, Vincent s'initie à l'aquarelle et à la peinture à l'huile. Il se rend à Scheveningen, plage en vogue, pour travailler des marines, dans un style encore influencé par la peinture hollandaise de son époque. A partir de 1882, il vit en compagnie de Clarissa Hoornik, dite Sien. Même si Théo le soutient financièrement, sa vie est misérable.
A l'automne 1883, il quitte La Haye pour la région de la Drenthe, où il séjourne à Hoogeveen et à Nieuw Amsterdam. Solitaire, fatigué, doutant parfois de lui-même, il décide de rentrer chez ses parents, qui vivent alors à Nuenen, près d'Eindhoven.
Malgré des relations parfois tendues avec son père, le séjour à Nuenen lui permet d'esquisser un style personnel.
Le village et surtout les figures de paysans et de tisserands fournissent la matière des premières grandes toiles de Van Gogh (Les mangeurs de pommes de terre).
Peu après la mort de son père en 1885, Vincent éprouve le besoin de perfectionner sa technique du dessin. Il suit les cours de l'Académie Royale des Beaux-Arts d'Anvers mais accepte mal cet enseignement figé.
En février 1886, il décide soudain de quitter la Belgique pour Paris où habite Théo.
"Les mangeurs de pommes de terre" - Avril 1885 :
LA DÉCOUVERTE DE LA COULEUR : Février 1886 - Février 1888
Lorsqu'il arrive à Paris, Vincent a 33 ans mais n'est artiste que depuis sept ans. Jusqu'alors, l'observation de maîtres comme Rembrandt, Frans Hals ou Delacroix lui a appris plus sur la peinture que les séjours dans des ateliers comme celui de Cormon, qu'il fréquente au début de 1886. C'est là pourtant qu'il rencontre Henri de Toulouse-Lautrec, avec qui il sympathise.
La découverte des Impressionnistes et de leurs jeunes continuateurs est pour lui une véritable révélation. Au contact d'artistes comme Louis Anquetin ou Paul Signac, sa palette, déjà éclaircie, devient éclatante. Il peint à Montmartre et aux environs de Paris, comme à Asnières, où il travaille avec Émilie Bernard, sans doute son meilleur ami.
Comme d'autres jeunes peintres, il expose quelques toiles dans des cafés du Boulevard et de l'Avenue de Clichy, La Fourche, Le Tambourin, mais aussi dans la devanture de la boutique du Père Tanguy, marchand de couleurs et ami de peintres.
Cette ambiance est stimulante mais éprouvante. Le travail intense, l'absinthe et les discussions déjà passionnées avec Paul Gauguin épuisent Vincent.
Plus que jamais, il est conscient de pouvoir créer une œuvre originale, capable d'exprimer avec force les passions humaines. Il éprouve aussi le besoin de nouveaux horizons. Passionné par l'art japonais, il pense trouver en Provence des motifs évoquant le Japon.
Il quitte Paris pour Arles, où il arrive le 20 février 1888.
Photo 1 : "La Guinguette" - Octobre-Décembre 1886
Photo 2 : "La colline de Montmartre" - Octobre-Décembre 1886
Photo 3 : "Les toits de Paris" - Avril-Juin 1886
Photo prise au Musée d'Orsay le 24.2.2018 : "La Guinguette à Montmartre, le billard en bois, devenu la bonne franquette" Vincent Van Gogh, 1886, huile sur toile
VAN GOGH A PARIS : Février 1886 - Février 1888
En arrivant à Paris en 1886, Van Gogh n'était qu'un peintre parmi tant d'autres. La capitale française regorgeait d'artistes et d'aventuriers, qui venaient parfois de très loin pour chercher le succès et la fortune. Vincent, qui vivait chez son frère Théo, était au cœur de cette marmite bouillonnante, à quelques pas de l'atelier de Toulouse-Lautrec, de celui de Cormon et de la boutique du père Tanguy.
De nombreux peintres, poètes, sculpteurs et compositeurs se croisaient dans ces mêmes quartiers autour de la butte Montmartre, du boulevard de Clichy, de la place Blanche et de la place Pigalle.
Le plus souvent, les nouveaux arrivants venaient se brûler les ailes, victimes de leurs attentes trop optimistes et des tentations de la grande ville.
Van Gogh lui-même faillit succomber aux excès de toute sorte qu'offrait Paris. Après deux ans, en février 1888, sentant qu'il mettait son corps et son esprit à trop rude épreuve, il décida de s'extraire de l'emprise de la capitale pendant qu'il en était encore temps.
Au niveau artistique, la rencontre des peintres parisiens et de leurs méthodes était une révélation. Il abandonna sa palette sombre, se mit à expérimenter avec les méthodes de l'impressionnisme et constitua tout un réseau d'amis et de connaissances pour échanger tableaux et expériences.
"Et, mon cher camarade, ne perdez pas de vue que Paris, c'est Paris. Il n'y qu'un Paris, et bien que la vie y soit difficile et même si cela devait s'aggraver, devenir encore plus difficile, l'air de France éclaircit les idées et fait du bien, beaucoup de bien".
Lettre de Vincent Van Gogh à Horace Mann Livens, Paris 1886
Photo 1 : "Japonaiserie : le prunier en fleurs" - Été 1887
Photo 2 : "La Seine et Le Pont de la Grande Jatte à Asnières" - Été 1887
Photo 3 : "Restaurant de la Sirène à Asnières" - Avril-Juin 1887
Photo prise au Musée d'Orsay le 24.2.2018 : "Le restaurant de la Sirène à Asnières" Vincent Van Gogh, 1887, huile sur table
LA HAUTE NOTE JAUNE : Février 1888 - Décembre 1888
A son arrivée en Arles, qu'il découvre sous la neige, Vincent s'installe au café-restaurant Carrel, 30 rue de la Cavalerie. Il se met aussitôt au travail et obtient d'utiliser une terrasse comme atelier. Durant le printemps, il peint aux environs : les vergers, le pont de Langlois et le jardin de la place Lamartine. Vincent correspond aussi avec Émilie Bernard et Paul Gauguin, qui travaillent en Bretagne.
En Mai 1888, à la suite d'un différend avec Carrel au sujet d'une note trop élevée, Vincent va habiter au café de la Gare, 30 place Lamartine, chez Ginoux. Il sympathise avec la famille du patron, dont il peindra plus tard les portraits et le café (Le café de nuit).
A plusieurs reprises, il envoie de tableaux à Théo, qui, en échange, lui donne les moyens de vivre.
Durant l'été, Vincent peint sans discontinuer, dans une palette incandescente. Il brosse aussi les portraits du lieutenant Milliet, du postier Roulin et du peintre Eugène Boch et se rend aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Ce travail acharné le laisse physiquement et mentalement épuisé.
Le 17 Septembre 1888, Vincent emménage dans la Maison Jaune, 2 place Lamartine, décorée par les différentes versions des Tournesols et Le Jardin du Poète, en prévision de la venue de Gauguin.
Celui-ci arrive le 23 Octobre. Cependant, malgré la joie que Vincent manifeste en l'accueillant, le travail en commun s'avère bientôt difficile. Les caractères et les conceptions de l'art s'opposent parfois vivement et les relations deviennent vite tendues.
Photo 1 : "Les tournesols" - Juin 1888
Photo 2 : "Le café de la nuit" - Septembre 1888
Photo 3 : "Le jardin du poète" - Octobre 1888
VAN GOGH A ARLES : Février 1888 - Avril 1889
Sa vie parisienne étant devenue trop intense et trop exténuante, Van Gogh se mit en quête d'une destination plus calme où il pourrait produire une série d’œuvres qui auraient leur place sur le marché de l'art.
Théo semble avoir encouragé le départ de Vincent, dont le tempérament passionné ne présentait pas que des avantages... Sa vie dissolue et les intrigues qu'elle engendrait étaient difficilement compatibles avec la vie rangée que Théo se devrait de mener.
La lecture d'ouvrages évoquant le Midi de la France, les discussions avec Toulouse-Lautrec et son admiration pour Zola incitèrent le peintre à choisir Arles pour commencer son exploration de la Provence. Il pensait aussi pouvoir promouvoir l'impressionnisme à Marseille, et y développer un marché pour Théo.
La ville d'Arles et ses environs immédiats fournirent à Vincent, un nombre infini de motifs. Portraits, paysages urbains et agrestes, extérieurs, natures mortes, tout ce qu'il vit l'inspira. Ses recherches sur la couleur y aboutirent à l'apogée de la haute note jaune, que l'on retrouve tant dans l'éclat de ses Tournesols que dans le scintillement subtil de ses étoiles.
Photo 1 : "Verger en fleurs avec la vue sur Arles" - avril 1889
Photo 2 : "Le campement de Bohémiens" - Août 1888
Photo prise au Musée d'Orsay le 24.2.2018 : "Les Roulottes, campement de bohémiens aux environs d'Arles" Vincent Van Gogh, 1888, huile sur toile
LA FAMILLE ROULIN
Joseph Roulin, préposé aux postes d'Arles, sera le meilleur ami de Vincent ; lors de moment difficiles, il sera son unique soutien. Dans les lettres qu'il écrit mi-Juillet à Théo, Vincent le décrit comme cela "l'homme est républicain et socialiste, il raisonne très bien et sait beaucoup choses". Il va faire des portraits de toute la famille en remerciement car la famille Roulin l'a hébergé gracieusement.
Joseph Roulin, né le 4 avril 1841 à Lambesc :
Augustine-Alex Roulin, née Pellicot, née le 9 Octobre 1851 décédée le 5 Avril 1930 :
Photo 1 : Armand Roulin, né le 9 Mai 1871 à Lambesc. Au moment où ce portrait a été fait, il apprenti forgeron à Lambesc. Par la suite, il deviendra officier de paix en Tunisie.
Photo 2 : Le bébé Marcelle Roulin, née en 1888 et décédée le 22 Janvier 1980, à l'âge de 91 ans
Photo 3 : Armand et Marcelle Roulin
Ma tante est une descendante directe de Joseph Roulin.
LA CRAINTE DE LA FOLIE : 23 Décembre 1888 - 8 Mai 1889
Le drame survient le 23 Décembre. Après une dispute avec Gauguin. Vincent se tranche le lobe de l'oreille gauche. Conduit à l'Hôtel-Dieu, le vieil hôpital d'Arles, il est soigné par un interne, le Docteur Félix Rey, qui parle de surmenage et d'épilepsie. Alerté, Théo accourt près de lui. Comme il ne peut prolonger son séjour, il charge le pasteur Salles de veiller sur son frère.
Après la crise, Vincent paraît d'ailleurs se rétablir rapidement : dès le 7 janvier, il rentre à la Maison Jaune. Il se remet à peindre mais des hallucinations lui font craindre une rechute.
Une nouvelle crise survient en effet début février. Durant quelques semaines Vincent habite à l'Hôtel-Dieu mais sort peindre en ville. Après une pétition des voisins, les autorités de la ville décident son internement. Vincent en souffre vivement. Il sait qu'il n'est pas fou mais redoute de ne plus pouvoir peindre.
malgré l'inquiétude que lui cause la maladie de Vincent, Théo se marie le 18 Avril, en Hollande, avec Johanna Bonger. Vincent expose deux tableaux au Salon des Indépendants de paris.
Le 7 Mai, il se fait admettre comme interné volontaire dans un asile situé à Saint-Rémy-de-Provence.
Photo 1 : "Nature morte à la planche à dessin" - Janvier 1889
Photo 2 : "Le dortoir de l'hôpital d'Arles" - Avril 1889
Photo 3 : "La cour de l'hôpital d'Arles" - Avril 1889
CONTINUER A PEINDRE... : 8 Mai 1889 - 16 Mai 1890
A Saint-Rémy-de-Provence, Vincent est accueilli par le Docteur Peyron, qui dirige l'hospice Saint-Paul-de-Mausole, "établissement privé consacré au traitement des aliénés des deux sexes". Le médecin confirme le diagnostic d'épilepsie et prescrit le repos. Vincent est cependant autorisé à peindre. Il occupe une cellule pauvrement meublée et obtient d'utiliser une autre chambre comme atelier. Pleinement lucide au milieu des aliénés qu'il côtoie, Vincent souffre encore d'hallucinations.
Si le repos est bénéfique, il craint la rechute, d'autant plus que le traitement du Docteur Peyron consiste surtout "à ne rien faire"...
En Juillet 1889, après une rapide visite à Arles, Vincent apprend que la femme de Théo attend un enfant, dont il sera le parrain Cet évènement le touche beaucoup et il se réjouit du bonheur de son frère.
A l'automne, ses œuvres sont à nouveau présentées au Salon des Indépendants de paris. En janvier 1890, l'un des tableaux est acheté par Anna Boch à l'exposition des Vingt de Bruxelles. Le critique Albert Aurier consacre un long article à son œuvre. Ces succès sont confirmés par les éloges unanimes de Monet, Gauguin, Pissarro et Guillaumin au Salon des Indépendants de Mars 1890, où dis de ses toiles sont présentées.
Au printemps 1890, Vincent a pris sa décision : malgré deux crises violentes en Décembre et en Février, il veut repartir vers le Nord, quitter ce Midi où il s'est trouvé si près de la folie. Le Docteur Peyron ne s'y oppose pas. Pourtant, Théo est inquiet. Sur les conseils de Pissarro, il contacte le docteur Gachet, médecin homéopathie et amateur de l'art des Impressionnistes. Quand il ne consulte pas à paris, le Docteur Paul-Ferdinand Gachet habite à Auvers-sur-Oise, où il pourra veiller sur Vincent. Celui-ci quitte Saint-Rémy le 16 mai et prend le train de nuit pour Paris.
Photo 1 : "L'Arlésienne (Madame Ginoux) - Février 1890
Photo 2 : "Cyprès et deux femmes" - Février 1890
Photo 3 : "Amandier en fleurs" - Février 1890
Photo prise au Musée d'Orsay le 24.2.2018 : "L'Arlésienne" Vincent Van Gogh, 1888, huile sur toile
VAN GOGH A SAINT RÉMY : Avril 1889 - Mai 1890
Suite à un séjour de quelques semaines à l'Hospice d'Arles, Vincent pensait pouvoir regagner sa maison jaune. Une trentaine d'habitants du quartier protestèrent formellement contre sa présence. Après avoir envisagé de s'engager dans la Légion Étrangère, Vincent accepta un accord avec une maison de santé, Saint-Paul de Mausole à Saint-Rémy de Provence, où il put bénéficier du gîte, du couvert et de soins, tout en continuant à pendre.
Vincent occupait deux chambres : une chambre à coucher et une autre pour sa peinture. En dehors de quelques crises spectaculaires, qui l'empêchèrent temporairement de peindre, il y passa une année féconde. Il peignit les oliviers, les champs, les collines le parc... tout en se plaignant de la mauvaise nourriture de l’établissement.
Parallèlement, l’œuvre de Vincent commença à faire parler d'elle. Les tableaux d'Arles, envoyés à Théo et montrés à l'occasion d'expositions collectives, provoquèrent l'admiration de ses pairs et de la critique. Claude Monet, entre autres, glissa à Théo que son frère était le meilleur parmi la dernière génération d'impressionnistes.
Petit à petit, la renommée de Van Gogh s'installa, même si les ventes se faisaient attendre. Au début de 1890, dans le Mercure de France, Albert Aurier écrivit un article long, fouillé et extrêmement admiratif sur l'art de Vincent. Il le qualifiait de génie, et le comparait aux maîtres hollandais du 17e siècle.
Vincent, qui n'avait pas anticipé une reconnaissance aussi spectaculaire, fut sous le choc. Il protesta formellement contre les propose d'Aurier, qu'il trouvait exagérés, sans pour autant les réfuter. Il en tira beaucoup d'énergie, et le besoin de changer d'air se fit bientôt pressant. Il quitta Saint-Rémy de Provence à la première occasion et retourna vers le Nord, où il pensait pouvoir appliquer les leçons de sa confrontation avec les lumières du Sud.
Photo 1 : "Papillons et coquelicots" - Avril-Mai 1890
Photo 2 : "Promenade au clair de lune au milieu des oliviers" - Mai 1890
Photo 3 : "Pins et pissenlits dans le jardin de l'hôpital Saint-Paul" - Avril-Mai 1890
VAN GOGH A AUVERS : 20 Mai 1890 - 29 Juillet 1890
En arrivant à Auvers-sur-Oise, Van Gogh était en grande forme, énergique, sûr de son projet et sûr du soutient infaillible de son frère. Un accord avait été trouvé avec le Docteur Gachet - le médecin de famille des Pissaro - qui avait accepté de garder un oeil sur Vincent. Figure emblématique de l'impressionnisme, mondain excentrique, Gachet accueillit Vincent et ses tableaux éblouissants avec beaucoup de bienveillance.
A Auvers, Vincent travailla avec énormément d'audace, de conviction et d'énergie. Il créa plus de 80 œuvres en moins de 70 jours, avec une maîtrise technique totale et une volonté manifeste de bousculer ce qui restait encore des conventions de l'art pictural.
Dans ses nombreuses biographies, on évoque souvent un homme sauvage et incontrôlable, alcoolique et colérique. Ses tableaux, ses lettres et les témoignages contredisent cette image.
Adeline Ravoux, la fille de l'aubergiste chez qui Van Gogh louait une chambre meublée pour 1 Franc par jour, se souvenait d'un homme courtois, avenant et sans histoires. Arthur Ravoux, son père, n'hésitait pas à laisser sa fille poser pour Vincent, ce qui témoigne de la confiance qu'il lui accordait.
Pouvant se consacrer entièrement à son art, débarrassé des doutes quant à sa pertinence, Vincent allait toujours plus loin.
Ses expérimentations étaient multiples et déconcertantes. Il trouva à Auvers son format de prédilection, le double carré de 50 cm sur 100 cm et réalisa le tableau q'uil appelait sa "toile la plus voulue", le Jardin de Daubigny. Ses dernières œuvres, en suspension entre l'art figuratif et l'art abstrait, contiennent en germe l'art explosif du début du vingtième siècle.
Il correspondait avec sa mère, sa sœur, et avait repris le fil d'une correspondance interrompue avec Gauguin. Il se heurtait cependant à l'un de ses grands dilemmes : il supportait mal la compagnie d'autrui, mais ne supportait pas davantage d'être seul. Il exprima ce sentiment ambigu dans sa série inégalée des champs d'Auvers.
Quelques jours avant son décès, il commanda encore des couleurs et des toiles à Théo. Rien n'indiquait qu'il pouvait vouloir attenter à ses jours. Un dimanche, il sortit de l'Auberge Ravoux pour revenir plusieurs heures plus tard avec une balle dans le corps. Il déclara à qui voulait l'entendre qu'il avait tenté de mettre un terme à ses jours.
Personne ne sait exactement ce qui s'est passé le 27 Juillet 1890 à Auvers. Ce que l'on sait avec certitude, c'est que les conditions de sa mort, survenue deux jours après le geste ultime du peintre, ne changeront pas la couleur et l'éclat de ses tableaux.
Photo 1 : "Portrait d'Adeline Ravoux" - Juin 1890
Photo 2 : "Coquelicot et marguerite" - Juin 1890
Photo 3 : "Portrait du docteur Gachet avec branche de digitale" - Juin 1890
Photo prise au Musée d'Orsay le 24.2.2018 : "Le Docteur Paul Gachet" Vincent Van Gogh, 1890, huile sur toile
LE RETOUR VERS LE NORD : 20 Mai - 29 Juillet 1890
Après trois jours passés à paris chez Théo où il fait la connaissance de Johanna et du petit Vincent, Vincent arrive à Auvers-sur-Oise le 20 Mai 1890. Le Docteur Gachet lui fait bonne impression et il pense devenir son ami. A l'auberge Ravoux où il loge pour 2 francs 50 par jour, le patron et sa famille sont accueillants.
Comme Daubigny, Cézanne et bien d'autres peintres avant lui, Vincent trouve à Auvers d'innombrables motifs. Il se met au travail avec enthousiasme, multipliant les chefs-d’œuvre : l'église d'Auvers, le portrait du Docteur Gachet, les champs de blé... Tout semble aller pour le mieux mais, bientôt, les sujets d'inquiétude se multiplient : santé du petit Vincent, incertitudes financières, mésentente entre Théo et ses employeurs de la galerie Boussod & Valadon, projet de voyage en Hollande...
C'est le 27 Juillet que Vincent se blesse mortellement d'une balle dans la poitrine. Malgré les soins des médecins, il meurt le 29 Juillet, à 1 h 30 du matin, dans sa petite chambre à l'Auberge Ravoux. Théo, prévenu par un message du Docteur Gachet, est auprès de lui.
Le 30 Juillet 1890, Vincent est inhumé au cimetière d'Auvers, entouré de ses proches et de ses amis, dont le Docteur Gachet, Bernard, Lucien Pissarro et le Père Tanguy. Six mois plus tard, Théo, bouleversé et gravement malade, meurt en Hollande.
Johanna le fait enterrer en 1914 aux côtés de Vincent.
Photo 1 : "Champ de blé aux bleuets" - Juillet 1890
Photo 2 : "Racines d'arbres" - Juillet 1890
Photo 3 : "Champs de blé sous un ciel de pluie" - Juillet 1890
L'AUBERGE RAVOUX
UN CAFÉ D'ARTISTES, CHARGÉ D'HISTOIRE
En 1855, un maître-maçon nommé Auguste Crosnier construit sa maison sur les ruine d'une ancienne ferme. Sa fille unique, Valentine, âgée de 15 ans seulement, épouse Alfred Levert en 1876. Ils obtiennent un bail pour créer un commerce de vins. Bientôt, leur auberge accueille non seulement les habitués du village mais aussi les artistes qui, grâce au chemin de fer, quittent Paris pour découvrir Auvers. Quelques années plus tard, ils entreprennent des travaux d'embellissement. Dès 1884, l'Auberge prend l'aspect que connaîtra Vincent.
En 1889, Arthur Gustave Ravoux prend en gérance l'Auberge, commerce de vins et restaurant, qui propose aussi quelques chambres meublées, où logent plusieurs peintres. Lui et sa famille accueillent Vincent le 20 mai 1890 et seront à ses côté durant les dernières heures de sa vie.
La famille Ravoux quitte Auvers au début de 1893. Café du village, l'Auberge devient peu à peu un lieu de pèlerinage pour les amateurs de Vincent. Ainsi, dans les années 1930, les propriétaires, Monsieur et Madame Blot, montrent la chambre de Vincent aux visiteurs. Après la deuxième guerre mondiale, l'Auberge change souvent de mains et n'a pas bonne réputation. En mauvais état, elle risque de perdre tout charme, quand Roger et Micheline Tagliana l'achètent en 1952. Ils réussissent à lui redonner vie et à en faire un lieu chaleureux, dans la tradition des cafés d'artistes. Intellectuels et peintres, comme Malraux ou Poliakoff, aiment s'y retrouver.
Soigneusement préservée, la chambre de Vincent est classée Monument Historique en 1985.
L'année suivante, Madame Tagliana fait ses adieux. Une nouvelle vie commence pour la vieille Auberge.
Après six ans de recherches et de travaux complexes, l'Auberge Ravoux, dite Maison de Van Gogh, a aujourd'hui retrouvé toute son âme. C'est la première étape d'un projet culturel à long terme, qui réalisera le rêve de Vincent Ven Gogh, qui, le 10 Juin 1890, écrivait à son frère Théo : "un jour ou un autre, je crois que je trouverai moyen de faire une exposition à moi dans un café".
LA SAUVEGARDE DE L'AUBERGE RAVOUX
Fin 1987, l'état des lieux de l'Auberge Ravoux montre que l'humidité, la mérule et les insectes ont gravement affaibli la structure du bâtiment. Une réhabilitation complète est urgente pour accueillir le public, tout en préservant l'âme des lieux. Entre Janvier 1988 et Décembre 1991, les études se poursuivent. Des travaux conservatoires sont réalisés : l'Auberge est étayée puis bâchée.
Dirigés par Bernard Schœdel, Premier Grand Prix de Rome, des équipes de Compagnons du Devoir ouvrent le chantier en Janvier 1992. En vingt mois, l'Auberge Ravoux retrouve son charme grâce à leur savoir-faire. La façade est restituée en pierre de taille d'après une photographie de 1890. La charpente de chêne et le toit de tuiles plates sont rénovés selon les techniques traditionnelles.
L'intérieur de l'Auberge fait l'objet de soins attentifs. L'escalier et la chambre de Van Gogh conservent leur émouvante simplicité. Découvert durant les travaux, le décor de la salle de l'Auberge, datant de 1884, est minutieusement restauré? Sa fresque et ses couleurs, typiques des cafés d'autrefois, retrouvent leur fraîcheur. Le mobilier et les lyres à gaz sont des pièces authentiques de la fin du XIXe siècle.
Les bâtiments voisins et l'environnement historique de l'Auberge Ravoux sont, eux aussi, réhabilités avec le même souci des détails.
L'auberge en 1890 :
LA CHAMBRE DE VAN GOGH A L'AUBERGE RAVOUX
En 37 années, Vincent Van Gogh a connu 38 résidences, aux Pays-Bas, en Belgique, en Angleterre et en France. Depuis le décès du peintre en 1890, la chambre N°5 est restée intacte. En tant que "chambre d'un suicidé", elle n'a jamais été relouée. Émouvante dans son dépouillement, elle n'offre rien à la vue mais laisse le champ libre, dans ses 7 mètres carrés, à l'émotion. Elle est classée Monument Historique depuis 1985.
C'est dans la chambre n°5, sous les combles de l'Auberge Ravoux, que vécut et mourut Vincent Van Gogh. Par superstition, ce meublé, devenu la "chambre du suicidé" n'a plus jamais été loué. Dans cet espace préservé, où il n'y a rien à voir mais tout à ressentir, nous vous invitons à renouer avec l'univers sensible du peintre.
"Van Gogh, qui aimait se gorger de lumière, a transformé à jamais sa petite chambre, si mal éclairée, en une chambre avec vue ; elle n'a qu'une lucarne pour laisser passer le jour, mais elle ouvre une fenêtre sur nous-mêmes"
Extrait du livre "Vincent Van Gogh à Auvers".
Photo 1 : l'auberge Ravoux
Photo 2 : la salle de l'auberge
Photo 3 : accès aux chambres de l'étage côté cour
Sur la terrasse (côté rue) une table, deux chaises, une bouteille de vin et deux verres en souvenir de Vincent Van Gogh qui s'y installait souvent avec le Docteur Gachet :
Photo 1 : escalier de l'auberge Ravoux
Photo 2 : vue de l'escalier sur la chambre
Photo 3 : chambre de Van Gogh
LA MAISON DES AMIS (au fond de la cour derrière l'Auberge Ravoux)
Construite au XVIIe siècle, cette petite maison d'Ile-de-France faisait partie du fief de la Sansonne, l'un des plus anciens d'Auvers-sur-Oise.
En 1890, Vincent Van Gogh la peint dans son tableau "L'Escalier d'Auvers".
Elle a été restaurée dans l'esprit d'une demeure campagnarde de la fin du XIXe siècle.
Les membres du Club des Amis de la Maison de Van Gogh peuvent ouvrir cette porte grâce à leur clé personnelle et bénéficier des deux salons qui leur sont réservés.
Photo 1 : La Maison des Amis
Photo 2 : dans la cour derrière l'Auberge Ravoux
Autres articles de cette visite à Auvers-sur-Oise :
- La ville (église Notre-Dame Assomption, cimetière, caverne aux livres...)
- Le musées de l'Absinthe
- La maison du Docteur Gachet
- Le musée Daubigny
Sources :
Visite sur place
Aide à la rédaction de l'article :
Les œuvres de Vincent Van Gogh
Les autoportraits de Vincent Van Gogh
Ecrit par Balkiara, le Mardi 31 Octobre 2017, 13:11 dans la rubrique "Journées Culturelles".