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BALKIARA LA GRANDE GUERRIERE PHILOSOPHE

Si mes écrits vous dérangent, sachez que vous n'êtes pas obligés de venir les lire.

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Auvers-sur-Oise : la maison du Dr GACHET

--> Le 14 Octobre 2017



On accède à la maison par un grand portail et un escalier où les  noms des artistes y étant passés sont gravés : Pissaro, Guillaumin, Cézanne et Van Gogh.


Une jeunesse bohème : Paul Ferdinand Gachet est né le 30 Juillet 1828 dans une famille de la moyenne bourgeoisie lilloise. Très jeune, il découvre la peinture dans le riche musée de la ville et suit des cours de dessin avec Cuvelier puis Ambroise Detrez. C'est de cette époque que date son amitié avec Armand Gautier (1825-1894), qui deviendra un peintre du mouvement réaliste, très apprécié en son temps. Refusant de rejoindre son père dans l'industrie linière (relative au lin), il choisit la carrière médicale et s'inscrit à la Faculté de Paris en 1848.
A l'hôpital des Enfants Malades, il découvre l'enfance malheureuse. En 1851, à l'hôpital Sainte-Marguerite, dans le service du Professeur Trousseau, il soigne les blessés des barricades dressées après le coup d’État de Louis Napoléon Bonaparte. En 1852, il est élève à la Maison Nationale de Santé. En 1854, il est à Bicêtre où, pour la première fois, il voit des fous qui lui font une forte impression. Cette même année, il se porte volontaire pour aller combattre une épidémie de choléra dans le Jura. En Décembre 1854, il est affecté à la Salpétrière, dans le service du Professeur Falret à qui l'on doit une méthode "moderne" d'observation des maladies mentales. Il réalise une série de dessins des malades qu'il saisit dans les attitudes caractéristiques de leur démence. Il découvre l'homéopathie, inventée par Samuel Hahnemann (1755-1843), avec d'autant plus d'enthousiasme qu'elle est honnie par la Faculté.
Mais pendant cette période, l'art et le dessin ne sont pas oubliés. En 1852, Armand Gautier vient suivre les cours des Beaux-Arts à Paris et l'entraîne avec lui dans les milieux artistiques et littéraires. Dans les ateliers, à la Petite Bohème ou à la brasserie Andler, Gachet fait la connaissance de Murger, Champfleury, Couret, Duranty, Proudhon... Avec Armand Gautier, il dessine et peint, tandis qu'Alphonse Leroy l'initie à la gravure.

1828-1909 Médecin, amateur d'art, graveur, collectionneur et ami de Cézanne, Pissaro et Van Gogh


Le serment d'Hippocrate : entre les hôpitaux où il a le sentiment d'apprendre réellement son métier et les brasseries si propices aux discussions passionnées, neuf ans ont passé. Il a de nombreux examens en retard et est en mauvais terme avec la Faculté. Il s'inscrit à Montpellier et après une année studieuse, il soutient sa thèse et prête le serment d'Hippocrate le 21 Juin 1858. Le sujet de cette thèse, Étude sur la mélancolie, marque l'intérêt qu'il portera toute sa vie aux diverses formes d'aliénation.
A la fin de son séjour à Montpellier, grâce à Armand Gautier et sur la recommandation de Courbet, il rencontre le célèbre mécène et collectionneur Alfred Bruyas (1821-1877). C'est à ce moment également qu'il fait la connaissance du peintre marseillais Adolphe Monticelli (1824-1886), de Paul Guigou (1834-1871) et croise les pas du jeune Paul Cézanne à Aix-en Provence. Sa rencontre avec Bruyas aura une influence certaine sur sa vie de collectionneur. Trente-trois ans plus tard, Van Gogh écrira à son frère Théo : "Et par hasard il a connu encore Bruyas de Montpellier et a les mêmes idées sur lui que j'ai, que c'est quelqu'un d'important dans l'histoire de l'art moderne".

Portrait du Docteur Gachet - Van Gogh(Musé d'Orsay, Paris)
Achevé dans la maison du Docteur Gachet, aujourd'hui 78 rue du Docteur Gachet.
"Je crois bien que je resterai ami avec lui et que je ferai son portrait" Vincent Van Gogh


Photo prise au Musée d'Orsay le 24.2.2018 :
"Le Docteur Paul Gachet" Vincent Van Gogh, 1890, huile sur toile


Un médecin sous le Second Empire : le Docteur Gachet ouvre son premier cabinet rue Montholon à Paris, le 1er janvier 1859. En 1863, il déménage 78 faubourg Saint-Denis où il exercera et demeurera jusqu'à sa mort en 1909. Il pratique une médecine généraliste mais continue de se passionner pour les maladies nerveuses. Il rend plusieurs visites à Charles Meryon (1821-1868), un graveur très apprécié de Victor Hugo et de Baudelaire, interné à Charenton. L'étude de ce cas de folie chez un artiste le passionne. Un deuxième cas s'offrira à lui plus tard avec André Gill, un élève de Daumier.
Curieux, il pratique de nouvelles méthodes de soin comme l'électrothérapie. Éclectique en médecine comme en art, il pratique à la fois l'allopathie et l'homéopathie. Débordant d'activités, parallèlement à sa clientèle privée, il soigne gratuitement dans de nombreux dispensaires. Peintres, acteurs, musiciens trouvent toujours un bon accueil, car il échange volontiers une consultation contre une gravure, une toile ou une place de spectacle. Le temps d'une saison, il exerce dans la petite station thermale d'Evaux dans la Creuse. En 1864, il fait un voyage d'études à Londres. De 1865 à 1876, il enseigne gratuitement l'anatomie artistique à l'école municipale de dessin et de sculpture du Xe arrondissement, dans laquelle Seurat sera élève.
Pendant la guerre de 1870, il est médecin de la deuxième ambulance du Grand-Orient. Sous la Commune, il remplace le professeur Cabrol - proscrit - comme médecin-chef de l'hôpital mais il ne sera jamais décoré de la Légion d'Honneur.
En 1870, ses parents meurent en lui laissant des rentes qui lui permettent de ralentir son activité de médecin et de se livrer à ses passions.



Une maison de campagne : en 1868, Paul Ferdinand Gachet épouse Blanche Castets. Leur premier enfant, Marguerite Clémentine Elisa, naît en 1869. Adepte des mouvements hygiénistes, il est convaincu que les enfants doivent vivre au bon air. Sa femme est de santé fragile, il décide d'acquérir une résidence à la campagne. C'est en venant chez un client et ami, Monsieur Dutro, qu'il découvre Auvers-sur-Oise. Il est séduit par le caractère pittoresque de ce village fréquenté par de nombreux peintres. La maison des époux Lemoine est à vendre, il s'en porte acquéreur le 9 Avril 1872. C'est dans cette maison que naîtra Paul, le 21 Juin 1873.
Sa femme, atteinte de tuberculose, meurt en 1875. Les enfants seront élevés à Auvers-sur-Oise par une gouvernante, Madame Chevalier. Il reste peu de souvenirs de Madame Gachet : quelques notes sur une partition qui témoignent de son talent de musicienne apprécié du compositeur Cabaner, des robes conservées dans les réserves d'un musée, le souvenir des bouquets arrangés pour les peintres et immortalisés par Cézanne.

Au rez-de-chaussée, la cuisine est restée celle du médecin, gastronome et fin gourmet.


Histoire du lieu et des collections - Paul Gachet

Le fils du Docteur Gachet a toujours vécu dans la maison. Diplômé de l’École supérieure d'agronomie de Grignon, il n'a jamais exercé sa profession mais, prenant exemple sur son père, il s'est déclaré artiste-peintre en signant ses œuvres du pseudonyme "Louis van Ryssel".
Paul Gachet fils entretient fidèlement la mémoire du Docteur Gachet dans la maison où il vit avec sa sœur et sa femme. Inlassablement, il classe les papiers de son père, dresse l'inventaire des tableaux, des dessins et des estampes qui débordent des cartons, rédige quelques publications.
Longtemps, la collection de peintures du Docteur Gachet reste inaccessible et entourée de mystère. Son importance est connue dans les milieux de l'art mais les œuvres, jamais photographiées, ne sont jamais prêtées - à l'exception de quelques toiles montrées dans les expositions Cézanne et Van Gogh, en 1936 et 1937.
Après la Libération, les donations consenties par Marguerite Gachet et son frère puis par ce dernier, seul survivant, enrichissent les Musées nationaux d’œuvres majeures dont certaines sont alors complètement inédites. C'est ainsi que neuf Van Gogh, huit Cézanne, six Guillaumin, un Monet, trois Pissaro, un  Sisley, un Renoir, accompagnés de dessins et d'estampes, entrent au musée du Louvre. En récompense, Paul Gachet est fait chevalier de la légion d'Honneur - une distinction que son père n'a jamais obtenue.

Après la disparition de Paul Gachet, la maison est vendue aux enchères au colonel Gilles Vandenbroucke et à son épouse américaine, historienne d'art et auteur d'une étude sur Gauguin, sa vie, son œuvre. Pendant près d'un demi-siècle, ils vont veiller avec amour sur l'âme de la maison, n'y faisant que les indispensables travaux de modernisation.
En 2013, leur fils Lucien, diplomate au Soudan, exprime le vœu que les œuvres graphique du Docteur Gachet -dessins originaux et gravures - dont les Vandenbroucke étaient devenus propriétaires retrouvent les murs qui les ont vu naître. Après huit mois de pourparlers avec l'ambassade, il signe une donation en faveur du Conseil Départemental du Val-d'Oise.

Disposés dans le salon à côté du piano droit peint par Van Gogh dans Marguerite Gachet au piano, sa cathèdre (=
siège muni d'un haut dossier) et son chevalet évoquent sa mémoire de manière émouvante. 


D'autres traces du passé ajoutent à la charge émotionnelle du lieu comme les papiers peints d'origine portant encore les marques des accrochages disparus, ou encore les idéogrammes sur une porte rouge, témoignages de rares peintres chinois venus découvrir l'extraordinaire collection du médecin.


Photo 1 : le cabinet du Docteur Gacher. Une installation de Claude Delafosse et Samuel Yal. Table, objets divers
Photo 2 : O'GALOP (Lyon, 1867 - Carsac, 1946). Bière Touren vers 1890. Affiche cartonnée (collection privée)
Photo 3 : Benjamin Rabier (La Roche-sur-Yon, 1864 - Faerolles, 1939). Chaise d'enfant, éd. Thonet, vers 1925. Assise illustrée par Benjamin Rabier (collection privée)


Photo 1 :
O'GALOP (Lyon, 1867 - Carsac, 1946). Jouet en bois, un âne 1915
Photo 2 :
O'GALOP (Lyon, 1867 - Carsac, 1946). Jouet en bois, la girafe vers 1915
Photo 3 :
O'GALOP (Lyon, 1867 - Carsac, 1946). Jouet en bois, l'éléphant, vers 1915


A L’ÉTAGE

Photo 1 : Anonyme, Indochine, vers 1892. Huile sur toile, fin XIXe siècle
Photo 2 : cheminée avec la bouteille totem
Photo 3 : Franck ROUSSEAUX (1950-2010) Sculpteur-céramiste. Bouteille totem, porcelaine émaillée - 2008


Photo 1 : Presse à bras ayant appartenu au Docteur Gachet et sur laquelle il tira en grande partie ses eaux-fortes. En 1890, Vincent Van Gogh réalise une seule eau-forte "L'Homme à la pipe" (Portrait du Docteur Gachet). Elle fut tirée par le Docteur Gachet sur cette presse.
Photo 2 : "L'Homme à la pipe"


Les soixante-dix jours : ne pouvant plus supporter la vie oppressante de l'asile de Saint-Pierre-de-Mausole, épuisé par de longues crises de démence, Vincent Van Gogh presse son frère de lui trouver un endroit à la campagne, dans la région parisienne, où il puisse prendre pension. Lorsque Théo parle à Pissaro des problèmes de santé de son frère, le peintre lui conseille de prendre contact avec le Docteur Gachet qui accepte d'accueillir Vincent et de veiller discrètement sur lui.
Après un court séjour à Paris, où il fait la connaissance de Jo sa belle-sœur et de son "petit homonyme", Vincent arrive à Auvers-sur-Oise par le train le 20 Mai 1890 et s'installe à l'auberge Ravoux. Le Docteur Gachet s'intéresse à son travail et lui conseille, comme meilleur remède à sa mélancolie, de peindre sans relâche.Il l'invite à dîner et l'entoure d'une discrète amitié. Vincent revit, mais l'euphorie du début du séjour ne dure pas, son inquiétude de l'avenir transparaît dans les lettres adressées à son frère, à sa mère ou à sa sœur Will. Cependant jamais il n'a travaillé avec autant d'acharnement. Il parcourt les chemins, esquisse en traits vigoureux les vieux chaumes, la campagne si belle, si verte. Les toiles fraîchement peintes s'accumulent à l'auberge. Dans ces toiles vibrantes de couleur, sa sensibilité transparaît. Il est à la limite de la rupture, dans la tristesse d'une solitude extrême dont personne ne pourra le sauver.
Le dimanche 27 Juillet il tente de se suicider avec révolver. Gravement blessé, il rentre à l'auberge. Les soins prodigués par le Docteur Mazery et le Docteur Gachet seront vains. Théo passe la journée du 28 à son chevet. Vincent meurt dans ses bas le 29 à une heure trente du matin. L'enterrement a lieu à Auvers. Le 31 Juillet 1890, Emile Bernard écrit à Albert Aurier : "beaucoup de personnes arrivaient, des artistes surtout...[...] Nous arrivons au cimetière [...] Le Docteur Gachet veut dire quelques paroles qui consacreront la vie de Vincent [...] Ce fut, dit-il, un honnête homme et un grand artiste, il n'avait que deux buts l'humanité et l'art, c'est l'art qu'il chérissait au-dessus de tout qui le fera vivre encore..."

Paul Gachet Fils : Paul Gachet (1873-1962) fait des études d'ingénieur agronome à l'école de Grignon, mais il n'exercera jamais cette profession. Passionné de peinture et de dessin, il se déclare artiste-peintre et signe sous le pseudonyme de Louis Van Ryssel. Après la mort de son père en 1909, il va consacrer sa vie au grand projet évoqué par le Docteur Gachet dans une lettre à Théo, le 15 Août 1890 : [...] faire non pas un catalogue mais une biographie complète à un homme extraordinaire, il ne faut pas une chose ordinaire". Cet ouvrage ne verra jamais le jour.
Pendant près de cinquante années, dans une maison figée par le souvenir, avec pour témoins muets sa sœur et sa femme, inlassablement, Paul Gachet va classer les papiers et inventorier les innombrables collections de son père. Il rédige quelques publications dont Deux amis des impressionnistes, le Docteur Gachet et Murer qui paraît en 1956. L'importance de la collection de peintures du Docteur Gachet, intacte à sa mort; était connue dans les milieux de l'art. Les demandes pressantes des critiques et auteurs de catalogues raisonnés se succèdent et sont accueillies avec plus ou moins d'aménité. Les œuvres ne seront jamais photographiées, ni prêtées, à l'exception des grandes expositions consacrées à Cézanne en 1936 et à Van Gogh en 1937. Le mystère entoure la maison.
Le catalogue en six volumes, réalisé par Paul Gachet et conservé à paris au Wildenstein Institute, donne la mesure de cette collection composée non seulement de peintures, mais également de cartons débordants de dessins et d'estampes. En 1949, 1951 et 1954, avec sa sœur Marguerite, puis seul, Paul Gachet va faire don à l’État d’œuvres majeures dont certaines étaient totalement inédites. C'est ainsi que neuf Van Gogh, huit Cézanne, six Guillaumin, un Monet, trois Pissaro, un Sisley, un Renoir, accompagnés de dessins et d'estampes, entrent au musée du Louvre. Pour ces donations, il reçoit la Légion d'Honneur que son père n'avait jamais eue. A sa mort en 1962, selon sa volonté, les derniers souvenirs et la maison sont vendus aux enchères.



Le Docteur Gachet et les élections : le Docteur Gachet, élu membre de la société en Novembre 1873, en devint président en 1888. Le poète Alexis Martin lu succéda mais il mourut en 1904, marquant ainsi la fin du groupe.
Plus de 25 gravures signées de son pseudonyme Paul Van Ryssel serviront d'invitations aux dîners des  Éclectiques, dont les œuvres La Toussaint et Oisillons (1898). Il jouera également le rôle d'imprimeur pour un grand nombre d'invitations dessinées par d'autres membres et marquées du tampon à la tête de chat, qu'il tirera sur sa presse à Auvers-sur-Oise.
Dans le procès verbal du 10 Juin 1894, le rédacteur se livre à un portrait détaillé du Docteur Gachet : "Gachet, lui, installe sa flânerie septembrale à Auvers-sur-Oise, il a amassé là des eaux-fortes, peintures, des chromos, des culottes de peau ayant appartenu aux soldats de la grande guerre, des Vieux cadres, des jarretières de mariées, des oiseaux empaillés, des chats vivants et des rats morts et, au milieu de ce capharnaüm, il se livre à une orgie de saucisson à l'ail et de fromage à la crème au milieu d'une perpétuelle hilarité." Procès-verbal du 10 Juin 1894
La place centrale du Docteur Gachet au sein de ces rencontres est évoquée dans de nombreux compte-rendus, qui soulignent sa personnalité fantasque. Dans le procès verbal de Décembre 1896, rédigé par son ami poète Alexis Martin,celui-ci écrit sur un ton mi-admiratif, mi-humoristique, au sujet d'une de ses gravures : "A l'homme de génie, qui a remplacé la gravure par l'impression".
Un autre procès verbal du 2 Mai 1887 indique que "Gauchet qui pousse le dévouement et l'originalité jusqu'à ses dernières limites avait illustré sa prose de dessins faits en trois coups de plume".

Photo 1 : "Oisillon" Paul Van Ryssel, 14 Février 1898 - Société du Vieux Montmartre
Photo 2 : "Chaumières" Paul Van Ryssel - Eau-forte non datée - Société du Vieux Montmartre


L'EAU FORTE
L'eau forte est une gravure en creux indirecte : la matrice (plaque) est creusée chimiquement. Le graveur dessine sur une plaque vernie à l'aide d'une ointe métallique qui met le métal à nu mais ne l'atteint pas. La plaque est plongée dans l'acide (d'où le nom d'eau-forte), le métal non protégé est mordu. L'artiste enlève le vernis, puis il encre sa plaque comme pour la gravure directe.
Cette technique, surnommée "la gravure des peintres", ne nécessite pas de grandes connaissances techniques : l'aquafortiste trace avec aisance et souplesse dans le vernis, son trait est spontané. La taille se caractérise pas des bords légèrement irréguliers, dus à l'effervescence de l'acide. Le graveur module l'épaisseur du trait en fonction du calibre des pointes utilisées et du temps de morsure. L'eau-forte permet des effets très nuancés. Elle est souvent associée à l'aquatinte, à la pointe sèche, au burin.

L'eau-forte est souvent associée à d'autres procédés pour varier les effets de la gravure :

- L'AQUATINTE : le graveur saupoudre la plaque de grains de résine, de manière plus ou moins dense. La plaque est ensuite chauffée, la résine adhère puis les grains durcissent et forment autant de petits points résistants. Le métal est creusé à l'acide autour de ces grains. Il faut renouveler plusieurs fois l'opération et superposer les taches. Quand ce procédé est associé à l'eau-forte, un vernis protégeant les parties non grainées. Cette technique permet d'obtenir des masses aux valeurs nuancées, comme un lavis.

- LA POINTE SÈCHE :Il s'agit du nom de la technique et de l'outil qui permet sa réalisation. A l'inverse du burin qui dégage des copeaux, la pointe sèche, utilisée comme un crayon, déchire le métal. On peut utiliser un brunissoir, pour écraser et lisser le métal entaillé, afin d'effacer un trait que l'on juge raté. Le creux obtenu à la pointe sèche est bordé de barbes (bourrelets déchiquetés) qui caractérisent le rendu de cette technique : elles prennent l'encre autant que les creux et donnent au trait un aspect velouté. La fragilité des barbes peut nécessiter un aciérage : opération par laquelle on dépose une fine pellicule de fer sur la plaque. Certains graveurs suppriment les barbes avec un ébarboir et ôtent ainsi à cette technique la richesse de sa matière.

- LE BURIN : on désigne par ce nom la technique et l'outil utilisés par le graveur. Le burin est une lame d'acier de section carrée, coupée en biseau. Le burniste pousse la lame dans le métal, dégageant des copeaux, il creuse des tailles nettes, sans rebordd, d'une finesse et d'une profondeur variables. Le travail au burin est long et minutieux, il demande une certaine technicité : l'artiste doit mesurer la pression exercée sur l'outil, son inclinaison, une erreur est difficilement réparable. On obtient des nuances de valeur grâce à la modulation de l'épaisseur du trait et de la densité des trames. Le resserrement des traits donne l'impression de volume et la variété du graphisme crée les effets de matière.

- LA MANIÈRE NOIRE : la manière noire (mezzo-tinto) est destinée à l'origine à rendre les effets de la peinture. La plaque de cuivre est criblée de petits trous à l'aide d'un berceau, sorte de lame arrondie striée, montée sur poignée. Le côté rond et hérissé de pointes est promené sur toute la plaque par un mouvement de poignet : on berce en long, en large et en diagonale. La perforation ainsi obtenue donne au tirage une surface uniformément noire. Puis le graveur gratte, écrase ces petits creux avec un grattoir et un brunissoir pour retrouver des surfaces pus ou moins planes. L'encre est plus ou moins retenue. Ce procédé permet d'obtenir toutes les nuances de demi-eintes jusqu'au noir le plus profond.

- LA MANIÈRE DE CRAYON : la manière de crayon est un procédé ancien de gravure imitant le trait crayonné. L'artiste utilise des tiges à trois pointes pour transcrire l'aspect granuleux du trait, des matoirs (sorte de poinçons), des roulettes (petites molettes dentées, montées sur manche) pour rendre les hachures. L'épaisseur du trait varie en fonction du calibre des roulettes. La plaque est vernie, les tracés dégageant le métal, celui-ci est ensuite creusé à l'acide.

LE JARDIN

Du haut des terrasses du jardin, bordées de vieux buis et retenues par des murets de pierres, s'offre une échappée sur les toits rouges du village. Des tilleuls ombragent la cour, un atelier troglodytique est creusé dans la falaise calcaire, une autre cavité ouvre sur un cirque aux parois abruptes tapissées de clématites sauvages, de lierre et de lianes. Le jardin apparaît dans deux tableaux de Vincent Van Gogh conservés à Paris, au musée d'Orsay. Dans Le Jardin du Docteur Paul Gachet, le peintre représente des espèces d'allure méditerranéenne - des thuyas interprétés en cyprès, un yucca qui devient aloès - secouées par un ciel tourmenté par les bourrasques d'un vent aussi violent que le mistral.
Il en propose une vision apaisée et transfigurée par la silhouette virginale de mademoiselle Gachet. Coiffée d'un chapeau de paille, vêtue d'une robe légère, Marguerite à 20 ans est à l'image des vagues de fleurs blanches aux feuilles gris bleu qui l'entourent.


Photos prises au Musée d'Orsay le 24.2.2018
:
Photo 1 : "Dans le jardin du Docteur Paul Gachet" Vincent Van Gogh, 1890, Huile sur toile
Photo 2 : "Mademoiselle Gachet dans son jardin à Auvers-sur-Oise", Vincent Van Gogh, 1890, huile sur toile


Une troisième évocation du jardin est donnée par la fleur de digitale que tient le médecin dans son plus fameux portrait.


Photo 1 : le jardin
Photo 2 : escalier dans le jardin
Photo 3 : "La Maison du Docteur Gachet" 1872-1873 - Paul Cézanne (1839-1906). Paris, musée d'Orsay, don de Paul Gachet, 1951


Les maisons troglodytes : construites
à flanc de colline, le village d'Auvers compte de très nombreux habitats troglodytiques. Leur développement est lié à l'exploitation, jusqu'à la fin du XIXe siècle, des nombreuses carrières de pierre couvrant le territoire communal. Ces salles, souvent de taille assez importante, peuvent en effet servir à loger des familles entières d'ouvriers travaillant sur les chantiers. Le Dr Gachet, qui en possède une au fond de son jardin, en fait l'atelier où il a coutume de recevoir d'autres peintres.





Autres articles de cette visite à  Auvers-sur-Oise :
- La ville (église Notre-Dame Assomption, cimetière, caverne aux livres...)
- Le musées de l'Absinthe
-
 Vincent Van Gogh, sa vie et quelques œuvres et l'auberge Ravoux
- Le musée Daubigny


Source :
Visite sur place

Ecrit par Balkiara, le Samedi 17 Février 2018, 14:36 dans la rubrique "Journées Culturelles".

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