Le Musée du Chocolat (Paris) 2ème partie
--> Le 18 Mars 2017
Suite de : "Le Musée du chocolat (Paris) 1ère partie
VISITE DU MUSÉE : PREMIER ETAGE
En montant
l'escalier : des tablettes de chocolat ^^
Êtes-vous chocolatomane ? Cette tablette est une création d'un groupe d'élèves de l'Académie des Arts de la ville de Bruxelles pour l’exposition de plein air Brusselicious 2012.
Photo 1 : Metate espagnol, racloir et moulin en pierre
Photo 2 : La plus ancienne recette espagnole connue
Photo 3 : L'arrivée des espagnols au Mexique. Les indiens ont cru que le dieu Serpent à Plumes était revenu. Ils pensaient que les armures des espagnols étaient les écailles et les plumes sur les casques, les plumes de leur dieu.
Des chocolatières...
COLOMB
Il y a bien l’œuf de Colomb, mais pas... la fève de cacao de Colomb.
Colomb débarqua au Nicaragua le 30 Juillet 1502. Des indigènes lui présentèrent
une boisson amère et épicée, qu'ils appelaient "cacauatl". Colomb
nota dans son journal de bord : "Un grand bateau de 25 rameurs vint à
notre rencontre. Leur chef, abrité sous un toit, nous offrit des tissus, de
beaux objets en cuivre et des sortes d'amandes qui leur servent de monnaie et
avec lesquelles ils préparent une boisson".
Il ne prêta que peu d'attention à la boisson. Dommage que ce rendez-vous entre
un personnage aussi illustre et un produit à l'avenir aussi prometteur, le
cacao, ait été manqué !
MOCTEZUMA
Le roi Motecuhzoma Xocoyotin (Moctezuma le jeune) était très riche. On raconte
qu'il possédait 40 000 cargas, soit 960 millions de fèves de cacao. Cela n'est
pas surprenant si l'on sait que, tous les jours, il avait besoin de 2 000
grands gobelets de cacao pour ses guerriers seulement.
Moctezuma et son peuple attendaient depuis de nombreuses années le retour de
Quetzalcoatl, le dieu serpent à plumes, qui avait été chassé par un grand
prêtre, irrité de son pouvoir.
Cortez débarqua au Mexique le 21 Avril 1519. Lorsque les messagers du rois
Moctezuma vinrent le prévenir qu'un homme venu de l'est, arborant une barbe,
des écailles brillantes (sa cuirasse) et le signe des quatre directions (la
croix) avait débarqué, Moctezuma crut que Quetzalcoatl était revenue.
CORTEZ
Cortez fut accueilli avec tous les honneurs, mais il allait très vite conquérir
le royaume aztèque dans un véritable bain de sang. Non seulement grâce aux
armes à feu, canons et chevaux, mais surtout en dressant les tribus indiennes
les unes contre les autres.
Entre-temps Cortez avait appris à apprécier la boisson au cacao lors des nombreuses réceptions aztèques.
Dans une lettre adressée à Charles Quint en 1520, il écrivit : "Les fèves de cacao sont comme des amandes. Les indiens les utilisent comme monnaie et comme boisson, qui donne de la force à l'organisme et le protège contre la fatigue".
Photo 1 : Reproduction d'une lettre de Christophe Colomb relatant sa découverte de l'Amérique
Photo 2: Navire de Christophe Colomb, probablement le Santa Maria
Photo 3 : Coupes pour boire le cacao réalisées en noix de coco et munies d'un pied et d'anses en argent.
Photos 1 et 2 : Monillos utilisés par les indiens Locandons au Mexique et par les indiens Tzotzils du Chiapas et molinillos anciens du Mexique, dont certains sont en ivoire.
Photo 3 : Le cacao arrive en Espagne. C'est en 1528 que Cortez ramena des fèves de cacao pour la première fois en Espagne.
La boisson cacaotée et la religion
Les dames de la noblesses du Nouveau Mexique usaient tant de la boisson chocolatée qu'elles se faisaient servir cette boisson par leurs servantes lors des messes. L'évêque de San Cristobal en fut tant exaspéré et offusqué qu'il en interdit la consommation lors des messes. Mal lui en prit, car il fut emprisonné.
Une autre question se posait : la consommation de boisson cacaotée lors du carême était-elle autorisée ?
Photos 1 et 2 : Les apothicaires espagnols vendent du chocolat. En Espagne, les produits du cacao étaient à l'origine vendus en pharmacie. Différents ingrédients aux vertus thérapeutiques y étaient ajoutés :
- le cacao mélangé avec du poivre convenait aux personnes souffrant du foie
- le cacao mélangé avec de l'ambre gris était bon pour le cœur
- l'achiote (roucou) avait un effet bénéfique sur la respiration.
Les pharmacies vendaient aussi le beurre de cacao comme onguent.
Photo 3 : Choco-story a pu acquérir ce livre datant de 1642 dans lequel il est précisé que la boisson cacaotée, tout comme le vin, ne rompt pas le carême, car elle n'est pas bue pour s'alimenter.
Photo 1 : La boisson au cacao devient la boisson préférée des Espagnols
Photos 2 et 3 : Matériel de pharmacien : grille-fèves, moulin de pharmacien et pots notamment pour le beurre de cacao
La boisson cacaotée a été une boisson épicée de 2 000 avant J.C. jusque 1 500 aprè J.C. Ce sont les Espagnols qui y ont ajouté du sucre et de la cannelle. A cette époque le sucre était obtenu de la canne à sucre.
Photos 1, 2 et 3 : Très grand moule pour pain de sucre et sa boîte pour ranger le pain de sucre.
Photo 1 : Cuiseur pour y faire fondre le sucre. Le sucre chaud est versé dans les pots.
Photos 2 et 3 : Ustensiles pour la découpe : coupe-sucre, marteaux, pinces et moulin, râpes pour produire du sucre granulé.
A l'origine, le sucre était extrait uniquement de la canne à sucre. Ce n'est que beaucoup plus tard, au début des années 1800, que la betterave sera utilisée en Europe pour la production de sucre.
La canne à sucre était pressée et le jus, épaissi en un liquide visqueux très sucré, était versé dans des formes coniques. Après cristallisation on obtenait un pain de sucre. C'est de cette façon que le sucre était vendu à l'époque, tout comme il l'est encore aujourd'hui dans certaines régions du Maroc.
LE SUCRE CANDI
Le sucre candi était obtenu par la cristallisation du sucre autour de fils tendus d'un côté à l'autre de pots en cuivre. Dès que les pots étaient remplis de sucre liquide, ils étaient placés dans une chambre remplie de vapeur pendant 6 à 7 jours. Après cristallisation du sucre autour des fils, ceux-ci étaient coupés. Cela donnait alors de très beaux cristaux de sucre attachés les uns aux autres.
La production de sucre candi est bien expliquée dans ce livre "Le Glacier Royal ou l'Art de donner des bals et soirées" par Bernardi, Bruxelles,
La consommation du cacao se répand dans toute l'Europe
Lentement, la consommation du chocolat sucré va se répandre dans tout le continent européen, sous l'impulsion des relations commerciales et culturelles, mais aussi suite à certaines alliances ou mariages royaux. En France, le chocolat fait son apparition début 1600. Anne d'Autriche, fille de Philippe III, roi d'Espagne, épouse Louis XIII en 1615 et vient habiter en France. Elle est accompagnée de sa "molina", une servante experte dans la préparation de la boisson.
Marie-Thérèse d'Autriche, fille de Philippe IV d'Espagne, qui épousa Louis XIV, raffolait également de la boisson.
Progressivement, la consommation du chocolat devient une habitude à la cour royale.
Photo 1 : La Belle Chocolatière. Au musée de Dresde en Allemagne, on peut contempler le tableau intitulé "La Belle Chocolatière" peint par le peintre Jean-Etienne Liotard. Ce serait lors d'un séjour à Vienne en 1743, où il avait été appelé pour exécuter le portrait de l'impératrice Marie-Thérèse, qu'il trouva l'inspiration de ce tableau. En effet, chaque jour, une soubrette, du nom de Nandl Baldauf, lui apportait une tasse de chocolat. Charmé par la jeune femme, le peintre lui demanda de poser pour lui telle qu'il l'apercevait, arrivant le matin, son plateau entre les mains.
Photo 2 : De la gauche vers la droite :
- Nouveau Voyage aux Isles de l'Amérique par le père Labat - La Haye 1724
- Histoire Naturelle du Cacao et du Sucre - paris 1719
- Traité des Aliments par Louis Lemery - Paris 1705
Photo 3 : Le chocolat à la cour de France. Après l'Espagne, c'est en France que le chocolat arrive. Les nobles le consomment très souvent, mais uniquement sous forme de chocolat chaud !
Photo 1 : Madame de Sévigné se montrera tantôt favorable ou tantôt défavorable, à la consommation de la boisson chocolatée, au gré de ses humeurs ou de son état de santé. Le 11 février 1671, Madame de Sévigné écrit à sa fille, Madame de Grignan : "Vous ne vous portez point bien, vous n'avez point dormi : le chocolat vous remettra". Mais le 15 Avril 1671 elle lui adresse des propos inverses : "Tous ceux qui m'en disaient du bien, m'en disent du mal. Ne vous engagez pas à le soutenir et songez que ce n'est plus la mode du bel air". Cependant en 1672 elle écrit à nouveau : "Prenez du chocolat afin que les plus méchantes compagnies vous paraissent bonnes".
Photo 2 : Madame de Pompadour. Jean-Antoinette Lenormant d'Etioles, marquise de Pompadour (née le 29 décembre 1721 à Paris et décédée le 15 Avril 1764 à Versailles) fut une favorite célèbre de Louis XV. Madame de Pompadour était particulièrement favorable aux philosophes, intellectuels et écrivains. Elle favorisa, par exemple, la publication des deux premiers volumes de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert. Elle fit travailler de nombreux artisans et permit le réaménagement de la manufacture de porcelaine de sèvres.
La légende veut que la marquise de Pompadour ait eu une passion pour la soupe de truffes et de céleri, arrosée de tasses de chocolat, qui devaient échauffer les esprits et les passions.
Photo 3 : Marie-Antoinette, reine de France, épouse de Louis XVI avait fait réaliser en 1782, par la Manufacture Royale de Sèvres, un service à chocolat. Le décor est fait de bleuets, cette fleur des champs, qui avec le coquelicot égayait les champs de blé. Marie-Antoinette adorait cette fleur bleue, dont était entouré le Hameau de la Reine, au Château de Versailles. Elle aimait en faire des bouquets, qui rivalisaient avec ses yeux bleus.
Photo 1 : Édition de l'ensemble des lettres de Madame de Sévigné
Photo 2 : Objets de Madame de Pompadour
Photo 3 : Objets de marie-Antoinette
Photo 1, 2 et 3 : Production de chocolat. Jusqu'au début des années 1800, on utilisait la pierre à broyer ou le "metate" pour broyer les fèves de cacao. C'était un processus manuel et laborieux, pour de petites quantités.
Photo 4 : L'atelier du chocolat en 1866. Pour faire du chocolat, il faut transformer les fèves en masse de cacao. Le chocolatier travaillait au-dessus de la pierre à broyer qui était chauffée.
L'outillage chocolatier aux 17e et 18e siècles
Au début des années 1600, l'outillage utilisé était peu différent de celui des Mayas ou Aztèques. Il consistait en un mortier en marbre qu'il fallait préalablement chauffer, devant lequel l'ouvrier s'agenouiller, pour concasser les fèves de cacao, afin d'en faire une pâte, à laquelle on ajoutait du sucre et des épices. Pour griller les fèves, on utilisait une plaque en tôle ou en cuivre : ensuite, les fèves étaient vannées pour enlever la peau qui les enveloppe. Ce grilloir rudimentaire sera remplacé plus tard par une boule pivotant autour d'un axe.
Dès la fin des années 1700, le cacao torréfié était travaillé sur une pierre chauffée en dessous par un récipient contenant du charbon de bois. Cette pierre de forme concave, reposant sur trois pieds, était taillée dans un seul bloc de pierre, ni trop tendre - pour éviter l'usure, ni trop dure - pour permettre le polissage. L'ouvrier devait faire son travail debout, mais en se courbant constamment. De plus, comme la pierre était chauffée à 35°, le travail était pénible. Cacao et sucre étaient travaillés séparément, puis mélangés. Cannelle, vanille, muscade ou girofle étaient ajoutés à la pâte par la suite. Bien affinée, elle était roulée à l'aide d'un papier en forme de cylindre, puis découpée en lamelles. Ce modelage à la main allait être remplacé dès le début des années 1800 par l'emploi de moules en métal, composés de 16 cases, chacune correspondant au poids d'une once.
La pierre à chocolat plate entre dans les ateliers quand le broyage du cacao se mécanise. Les meules tournantes ne parvenaient pas à affiner suffisamment la pâte - travail qui devait se réaliser à la main sur une pierre plate, sous laquelle se trouvait l'éternelle chaufferette.
Matériel du chocolatier :
- Boîte et moulin à épices
- Fondoir et poêlons à chocolat
- coupe et râpe à chocolat
Photo 1 : Instruction : placer la tablette de chocolat à plat, dans le sens de la longueur, entre le cran et les lames du moulin, fermer le couvercle, tenir fortement de la main gauche le moulin et tourner modérément la manivelle et ce, jusqu'au moment où se produit un déclanchage. Le chocolat se trouve alors réduit en poudre dans le tiroir placé au-dessus de la manivelle. Il suffit, pour préparer une tasse de chocolat, de verser ladite poudre dans le liquide (eau ou lait) en ébullition sur le feu, de remuer jusqu'à ce que la poudre soit bien délayée et laisser bouillir deux ou trois minutes.
Photos 2 et 3 : Historique des chocolatières. Au début, vers 1600, elles étaient en cuivre ou en fer. Plus tard, en céramique ou en porcelaine. A partir des 17e et 18e siècles apparurent des modèles de luxe en argent. Les chocolatières en étain étaient plus rares. Un indice permet de distinguer avec certitude une chocolatière d'une cafetière : il faut que le couvercle soit muni d'un orifice pour le bâton ou le "molinillo".
Historique des tasses à chocolat
Les premières tasses étaient les "jicaras" façonnées avec la peau du fruit du même nom, et des "tecomates", récipients faits avec la calebasse. Puis apparurent les gobelets en terre cuite souvent sur 3 pieds, et les gobelets plus élaborés en céramique, gravés ou peints.
Les Espagnols utilisèrent dès le 16e siècle des gobelets en noix de coco entaillée et munies d'un pied et d'anses en argent. Le Vice-roi de la Nouvelle Espagne (Mexique), Mancera, donna son nom à une soucoupe pourvue d'un anneau dans lequel se plaçait la tasse, afin qu'elle ne se renverse pas.
Mancerina : les tasses placées sur les sous-tasses se renversaient facilement, surtout lorsqu'on trempait des biscuits. Un certain Mancera, vice-roi de la Nouvelle Espagne (le Mexique) fit placer un anneau fixé sur la sous-tasse pour stabiliser la tasse. Il lui donna son nom : mancerina.
En France, la trembleuse fut inventée, une soucoupe munie d'un creux, pour y placer la tasse. Dans les coffrets de voyage, un verre pour l'eau accompagne souvent la tasse à chocolat. A partir des 8e et 19e siècles, les tasses s'agrandissent, le chocolat se buvant plus dilué.
Le siècle des lumières
Sans supplanter le café, qui reste la boisson exotique par excellence, et sans connaître le succès du thé, le chocolat atteint un réel engouement au 18e siècle. En 1715, à la mort de Louis XIV, Philippe d'Orléans accède à la régence en attendant que le jeune Louis XV atteigne sa majorité. Tous les matins, Philippe d'Orléans boit de grandes tasses de chocolat. C'est un honneur de participer à cet évènement.
Voltaire aussi aime le chocolat. Il a même créé sa propre recette : un mélange à parts égales de chocolat et de café afin de stimuler son esprit. De nombreux aristocrates buvaient à leur réveil du chocolat qui leur était servi au lit par leurs servantes. Ils buvaient plus volontiers un chocolat sucré, qu'un café amer laissé au prolétariat.
Diderot et d'Alembert consignent dans leur célèbre Encyclopédie une recette de chocolat : 4 cuillères à soupe de chocolat, 2 cuillères à soupe de sucre, 3 pincées de cannelle, 1 œuf. On y verse de l'eau et du lait et on le chauffe au bain-marie. A la fin on y ajoute une goutte de fleur d'oranger et deux gouttes d'essence d'ambre. Mais le chocolat reste cher. A la fin du 18e siècle, une livre de chocolat (500 g) correspond à environ cinq jours de salaire d'un ouvrier.
La consommation de la boisson chocolatée est maintenant répandue dans toute l'Europe, du moins chez les nantis.
En 1860, Napoléon III déclarait : "Le cacao n'est pas un produit de luxe. Ses propriétés hygiéniques et nutritives sont incontestables et comme son goût et son arôme flattent l'odorat et le palais, il est un produit de grande consommation et je supprime la taxe."
L'utilisation progressive de machines à vapeur pour le broyage des fèves en augmente le rendement. Ces deux raisons font baisser le prix du chocolat qui devient accessible à une plus grande partie de la population.
Photo 2 : le chocolat est devenu une friandise. Vers 1850, le chocolat est produit sous forme solide. Pour le plus grand plaisir des enfants... et aussi des plus grands !
Photo 3 : Tasses à chocolat françaises des années 1850.
Photo 1 : Trembleuses françaises
Photo 2 : Mancerina 1750 Espagne - 175 France - 1800 Berlin
Photo 3 : Tasse moustache
Photo 1 : Bain-marie pour maintenir la boisson chocolatée chaude
Photo 2 : Thermos à chocolat basculant en métal argenté
Photo 3 : Très rare tasse à chocolat portant l'inscription : "Je suis à Magdeleine Grenier femme de Claude Verrie".
Collection de tasses :
Photo 1 : Triple fontaine à chocolat
Photos 2 et 3 : Chocolatières des années 1800
Photo 1 : Chocolatière appelée "égoïste", c'est-à-dire pour une seule personne
Photo 2 : Tasses à chocolat en argent des années 1850 à 1900
Photo 3 : Caractéristiques de la chocolatière :
- l'orifice dans le couvercle pour faire passer le moussoir. Cette caractéristique vous donne la certitude qu'il s'agit d'une chocolatière
- le bec verseur est placé très haut pour pouvoir verser de la mousse dans la tasse
- la poignée ou l'anse est apposée latéralement afin de pouvoir verser plus délicatement la boisson chocolatée
Caractéristiques de la tasse à chocolat
La tasse est grande en France et dans les pays limitrophes. Aujourd'hui le chocolat est bu dilué dans du lait. Les Mayas consommaient aussi dilué, mais dans de l'eau. Remarquons qu'en Italie le chocolat est plus épais et donc bu dans de petites tasses.
Les "mancerina" et trembleuses ont été inventées afin de stabiliser la tasse lorsqu'on y trempe des biscuits dans le chocolat.
La tasse à moustache protège celle-ci de la mousse de la boisson cacaotée
Aux 17e et 18e siècles les tasses et sous-tasses avaient souvent la même capacité de contenu, la raison étant que le chocolat était parfois versé de la tasse dans la soucoupe pour le faire refroidir.
La médecine au cacao
A l'époque des Aztèques, les médecins étaient avant tout des sorciers, dont le savoir combinait des notions de religion, d'astrologie et de magie. Ils utilisaient le cacao à de nombreuses fins thérapeutiques : pour lutter contre la fatigue et contre la diarrhée et mélangé à la patate douce, dans le traitement des cystites. Le beurre de cacao servait à la préparation des onguents pour soigner les plaies, les brûlures et les hémorroïdes.
Durant les premiers siècles, suivant son introduction en Europe, le cacao a été utilisé principalement par les pharmaciens en tant qu'épice, stimulante et revigorante.
Vers les années 1800 une profusion de chocolats médicinaux ont vu le jour. Citons-en quelques uns :
- le chocolat purgatif à la magnésie. Il était composé d'un tiers de cacao, d'un tiers de sucre et d'un tiers de magnésie. Indiqué pour : les maux de tête, les rhumes de poitrine et de cerveau, faciliter la digestion, etc...
- le chocolat pectoral et stomachique à l'osmazome. L'osmazone existe naturellement dans les muscles des animaux adultes à chair blanche. L'extrait brun possède des propriétés toniques. Le chocolat à l'osmazome :
* exerce une action de désobstruction sur le ventre
* permet à la bile de couler plus harmonieusement
* est salutaire pour les asthmatiques.
Il y avait aussi le chocolat mélangé à la viande crue, indiqué en cas de fatigue.
Les demi-figurines
Les demi-figurines étaient souvent en porcelaine, parfois en biscuit et beaucoup plus rarement en cire ou en papier mâché. Les demi-figurines seront couvre-cafetières, théières ou chocolatières, couronnent les boîtes à poudre, à bonbons chocolatés ou à bijoux et peuvent former de très jolies lampes électriques. Il s'agit presque toujours d'un personnage féminin, rarement d'un homme et plus rarement encore d'un couple.
Leur origine remonterait aux années 1870 en Allemagne. Dressel et Kister, Goebel, Volkstedt et Karl Schneider sont autant de noms prestigieux installés le long de la frontière autrichienne en Bavière et dans la région de Thuringe.
Il y eut aussi des producteurs français au nom de Locre, Fourmaintraux Dutertre à Desvres, et Henri Delcourt à Boulogne-sur-Mer.
Les plus petites pièces mesurent 2 cm, alors que les plus grandes atteignent 20 cm.
Il n'est par rare de trouver pour un même modèle, de 3 à 5 tailles différentes, ou un buste nu et un buste habillé.
Photo 1 : demi-figurines couvre-théière gardant la boisson chocolatée chaude
Photo 2 : reproduction de la peinture La Belle Chocolatière du peintre Liotard
Photo 3 : 1920 bonbonnière en carton décorées de demi-figurines
Le pourcentage de cacao d'un chocolat s'obtient en additionnant le pourcentage de masse de cacao contenu dans le chocolat à celui du beurre de cacao ajouté.
Par exemple 75 % de masse de cacao + 2 % de beurre de cacao = du chocolat à 77 %
Liqueur de cacao
Le produit obtenu après écrasement des fèves de cacao est appelé : "masse de cacao" ou souvent aussi "liqueur de cacao". Il ne contient cependant pas d'alcool. D'où vient dès lors cette appellation ?
L'emploi du mot liqueur date de l'époque des alchimistes et a été conservé par les chimistes du 17e siècle. Le mot liqueur était utilisé pour désigner la partie liquide d'une réaction par opposition au précipité solide.
Photo 1 : Masse (ou liqueur) de cacao
Photo 2 : Beurre de cacao
Photo 3 : Poudre de cacao
Photo 4 : Tourte de la matière solide du cacao reçue de la société Dutch Cocoa d'Amsterdam en Hollande
Le chocolat se mange
Depuis près de 4 000 ans, le chocolat a été consommé par les Olmèques, les Mayas et les Aztèques sous forme de boisson cacaotée épicée. Les Espagnols la transformèrent en boisson sucrée vers les années 1500. Ce ne sera que vers 1800 que le chocolat commencera à être produit sous forme solide, afin d'être dégusté tel quel.
Historique des moules à chocolat
Au début des années 1800, le chocolat solide fait son apparition et avec lui, la production de pièces en chocolat. Les premiers moules utilisés étaient des moules à crème glacée et à massepain en étain. Mais l'étain n'était pas assez solide, ni assez lisse pour la production de figurines en chocolat. Des moules en cuivre furent alors utilisés, au début plaqués argent, puis étamés.
Ils furent rapidement remplacés par des moules en fer, martelés d'abord, puis emboutis. La bakélite fut la première matière artificielle à être utilisée, puis le PVC et enfin le polycarbonate, qui donne un brillant exceptionnel aux pièces en chocolat.
Les fabricants de moules en France
Les plus anciens noms de fabricants de moules métalliques pur les confiseurs chocolatiers sont Pinat et Cadot.
Pinat : il installa son atelier en 1820 et produisit des moules en fer martelé agrafés ou rivés, qui supplantèrent les moules en cuivre trop onéreux. A partir de 1 833, les moules étaient emboutis mécaniquement.
Cadot : il fut inscrit dès 1826 en tant que "potier d'étain". Il fournissait des sorbetières, moules à fromage et à fruit, pour glaces, sucres cuits et chocolats? A partir de 1 848, il travaille le fer blanc et le plâtre, en plus de l'étain pour les confiseurs, chocolatiers et glaciers.
Jean-Baptiste Létang : Jean-Baptiste Létang vendit dès 1832 des moules en fer étamé. Cette maison emboutissait non seulement des moules en fer-blanc mais aussi en plaqué argent et en cuivre pour les différents métiers de l'alimentation. Elle coula également des moules en étain et fabriqua des ustensiles de laboratoire et des machines. En 1912, Létang publie un catalogue avec 3 200 modèles de moules à chocolat et 1 200 moules en étain pour le sucre cuit et le chocolat.
Sommet : En 1882, apparut la société de E. Sommet. Son catalogue de 1912 comporte à peine 200 moules à chocolat, contre environ 1 500 moules pour les pâtisseries, les biscuits, les glaces et les charcuteries. Cette société sera absorbée par Matfer en 1962.
Photo 1 : Pastilles pour chocolat
Photo 2 : Moules pour crème
Gobel : En 1887 apparut l'entreprise Gobel, qui fabrique des moules en fer-blanc pour pâtissiers, confiseurs, glaciers, chocolatiers et fabricants de biscuits. Mais par la suite, il s'est plutôt tourné vers les moules ouvragés pour la glace et le nougat, utilisables aussi en chocolaterie.
Trottin-Mora : En 1924, la maison Trottin, orientée depuis 1814 vers la fabrication des moules pour pâtissiers et cuisiniers, commença à vendre des moules à chocolat sous la direction de Gaspard Mora.
Mafter : Cette usine est créée en 1945, à l'initiative de Robert Mora, fils et successeur de Gaspard Mora. Elle est à l'écoute des nouvelles techniques et propose progressivement des articles en acier inoxydable, électroplaqués de nickel, en bakélite, en plexiglas et en polycarbonate.
Photo 1 : 1800 - 185 Moules à glace en étain
Photo 2 : 1870 - 1930 Moules en fer à objets en sucre
Photo 3 : 1850 Moules à chocolat en cuivre
Photo 1 : 1870 Moules à chocolat en cuivre étamé
Photo 2 : 1880 Moules à chocolat en fer - matrice pour moule en fer
Photo 3 : 1920 Matrice servant à former les moules en métal et son moule
Photo 1 : 1920 Moules à chocolat en bakélite
Photo 2 : 1950 Moules à chocolat en PVC
Photo 3 : 1980 Moules à chocolat en polycarbonate
Photo 4 : Voici des moules destinés aux productions suivantes : figures creuses (œufs, Père Noël...), bonbons chocolatés ou pralines, caraques (chocolats plats et pleins), barres, tablettes
La boisson cacaotée est restée une boisson épicée de 2 000 avant J.C. à 1 500 après J.C.. Elle est devenue à cette époque une boisson sucrée et l'a été jusqu'au début des années 1800. Ce n'est qu'à ce moment-là que le chocolat sous forme solide est apparu. Principalement grâce au Hollandais Van Houten, qui sépara le beurre de cacao de la matière solide. Il breveta son invention en 1828.
La société anglaise Fry inventa en 1847 un moyen pour mélanger la pâte de cacao et le sucre à du beurre de cacao liquide, produisant une pâte qui pouvait être coulée dans un moule.
Photo 1 : Mélangeur batteur servant à préparer les fourrages des chocolats
Photo 2 : Fondoir à chocolat et sa louche
Photo 3 : Cuiseur de sucre
Photo 4 : Broyeuse à amandes et/ou à fèves de cacao
La 3ème partie est en préparation
Source : visite sur place
Ecrit par Balkiara, le Samedi 25 Mars 2017, 11:11 dans la rubrique "Journées Culturelles".