VIE MARITALE
Les cheminées fumantes enveloppaient Shor'Goroth d'une brume artificielle, et firent tousser Démogron. Celui-ci sourit, sans trop savoir pourquoi, à une vieille dame qu'il croisait. Il leva la tête, rêveur, et observa les nuages... celui-ci ressemblait à une rose. Celui-là à un cœur... Sans trop savoir comment, il se retrouva devant la porte.
Il sortit ses clefs, fit tourner le verrou, et entra.
- Balkiara, tu es là ? Appela-t-il.
Un bruit de pas précipités se fit entendre. Peu après, elle apparut dans le couloir.
- Donne ton manteau, je vais te débarrasser, dit-elle.
- Tu es si joyeuse, répondit simplement Démogron.
- Tu viens ? Fit gaiement Balkiara.
Démogron pénétra dans la salle à manger avant de se laisser choir dans un fauteuil. Un silence s'ensuivit. Puis Balkiara, qui le regardait, lança doucement:
- Alors ? Tu ne m'embrasses pas ?
Démogron sourit.
- Je fais durer le plaisir, dit-il.
Puis il ajouta:
- Approche...
Balkiara s'exécuta, et Démogron posa sur sa bouche un baiser silencieux. Puis un autre. Encore un.
- Je...
Mais elle n'eut pas le temps de finir sa phrase, ni même de la commencer, puisque Démogron la gratifia cette fois d'un long et tendre baiser. Quand cela fut terminé, Balkiara sourit.
- C'est toi qui embrasses le mieux de tous mes amants, dit-elle.
- Petite dévergondée, rit Démogron.
Une fois de plus, Démogron prononça les trois mots magiques.
- Je t'aime.
Mais cette fois-ci, cela sonnait autrement. C'était plus beau. C'était plus fort.
- Depuis que nous nous sommes rencontrés, bien que j'aie eu d'autres aventures avant de te connaître, je t'aime cent fois plus que toutes les autres femmes réunies.
- Il en est de même pour moi, mon chéri, déclara Balkiara. Personne ne pourra remplacer ton si adorable sourire. Tu es unique, grâce à plein de petites choses. Personne n'a ta démarche, Personne n'a tes cheveux. Personne ne connait l'histoire du Morvor aussi bien que toi. Personne à part toi ne m'a jamais dit que j'étais aimante. Bref, personne à part toi ne mérite d'être dans mon cœur.
- Tu sais... j'ai aimé, tout à l'heure, lorsque nous nous sommes embrassés.
Il n'en fallut pas plus à Balkiara pour saisir le bras de Démogron et lui offrir de nouveau un baiser enflammé. Les deux êtres eurent cette fois l'impression d'être emportés dans une tempête. Sur un océan rouge sang. Leurs souffles s'échouaient invariablement dans les hurlements du vent, et les gifles des vagues leur faisaient fermer les yeux. C'était beau, c'était puissant, comme un tableau de Royo, ou comme ''Stirb Nicht Vor Mir''. Tout rugissait autour d'eux, ils étaient enfermés dans une parenthèse qui les épargnait des griffes du cyclone, des griffes signant leur passage d'une trace de salive blanche et éphémère... tout tournait, des vertiges les prenaient, Démogron ferma les yeux et eut l'impression de grimper en haut d'un chêne. Et soudain tout s'arrêta.
- Notre mariage a été la plus merveilleuse idée de notre vie, murmura Balkiara.
- Je suis bien d'accord avec toi...
Toute la nuit, ils restèrent enlacés, à parler, ou à s'embrasser.
- Je t'ai déjà parlé de Francis ? Demanda Démogron.
- Non.
- Il m'a dit un jour que je ne pourrais jamais séduire qui que ce soit, même une folle.
- Il ne faut pas écouter ce genre d'idioties... comment pouvait-il te dire ça, à toi, qui es si... merveilleux !
- Tu ne le connais pas. Sa bêtise dépasse l'entendement.
- Je veux bien te croire !
Dans un sourire, un souffle, un battement de cils, ils se dirent ''je t'aime''. Ce sourire brille encore au fin fond des étoiles... ce souffle chante encore dans les hautes couches de l'atmosphère... ce battement de cils scintille toujours quelque part. Ils s'aiment.
Ecrit par Balkiara, le Jeudi 8 Février 2007, 13:46 dans la rubrique "Génération Histoire".