Le musée Louis Braille
--> Coupvray
Photos prises lors de ma visite au musée Louis Braille et mises sur mon joueb avec l'autorisation du conservateur
du musée Louis Braille, que je remercie pour la visite guidée très
instructive et extrêmement intéressante.
J'ai passé de nombreuses heures à rédiger cet article et j'espère non seulement qu'il vous passionnera mais surtout qu'il vous donnera envie de vous y rendre car ce n'est qu'un aperçu de ma visite.
Le conservateur du musée a un site : Typhlophile (= racine de « typhlo » d'origine grecque et qui veut dire « cécité »; et « phile » veut dire ami, sympathisant, etc. Donc, Typhlophile veut dire l'ami des aveugles.)
J'ai passé de nombreuses heures à rédiger cet article et j'espère non seulement qu'il vous passionnera mais surtout qu'il vous donnera envie de vous y rendre car ce n'est qu'un aperçu de ma visite.
Le conservateur du musée a un site : Typhlophile (= racine de « typhlo » d'origine grecque et qui veut dire « cécité »; et « phile » veut dire ami, sympathisant, etc. Donc, Typhlophile veut dire l'ami des aveugles.)
C'est à Coupvray, un petit village d'Ile-de-France (en Seine et Marne) que Louis Braille a vu le jour le 4 janvier 1809 et que se trouve le musée.
Sculpture métallique se trouvant devant l'entrée du musée :
A l'accueil se trouve une maquette de la maison pour permettre aux aveugles de toucher et visualiser ainsi la disposition des pièces etc...
Son père, Simon-René Braille est bourrelier : il travaille la bourre (= matériau constitué par les poils provenant du tannage des peaux) et le cuir (=peau animale tannée). Il fabrique et répare les harnais, les bottes de postillons etc...
En 1812, tandis qu'il joue dans l'atelier de son père, Louis, âgé seulement de 3 ans, se blesse grièvement à un œil avec une serpette :
Comme on ne sait pas soigner correctement les blessures à l’œil, quelques mois plus tard, l'autre œil est atteint. C'est suite à une ophtalmie par sympathie que Louis Braille perd la vue. Une peinture d'André Harfort "l'Accident" :
A cette époque, les aveugles n'étaient pas éduqués. Ils étaient destinés à devenir des mendiants ; mais Simon-René Braille décide d'éduquer son fils : il lui apprend l'alphabet à l'aide d'une planche sur laquelle il plante des clous (les têtes des clous formant les lettres). A juste titre, ma tante m'a fait remarquer que c'est probablement de là que l'idée lui est venue pour inventer le braille.
Simon-René Braille demande à l'instituteur d'accepter son fils dans sa classe et il accepte, ce qui est une grande chance car les enfants aveugles n'y étaient habituellement pas acceptés. C'est ainsi que Louis a fréquenté l'école du village où il a été un élève brillant et très studieux. Malheureusement, comme il fallait savoir lire et écrire pour passer dans la classe supérieure, il est resté trois années dans la classe de première année. Mais tous les élèves sont regroupés dans la même classe avec un seul instituteur, ce qui permet à Louis d'écouter les cours prodigués aux niveaux supérieurs.
LA SALLE PRINCIPALE de la maison de la famille Braille a toutes les commodités, ce qui est très bien pour l'époque :
La table familiale avec un banc de chaque côté et au fond de la pièce le lit en alcôve des parents. (la chambre des enfants se trouve à l'étage, mais il n'est pas possible de la visiter car des modifications y ont été apportées et elle n'est plus comme à cette époque. Maintenant, elle est utilisée comme réserve du musée).
Sur le lit il y a un moine : une chaufferette ou un récipient contenant les braises incandescentes est placé au milieu, ce qui permet de réchauffer le lit sans abîmer les draps, limitant également le risque d'incendie.
La cheminée, avec un rouet, deux fers à repasser en fonte... sur le côté il y a un four à pain. Entre les deux une niche pour faire du fromage de brebis dont la chaleur du four favorise sa préparation avant de l'affiner dans la cave.
Près de la cheminée deux moules en fonte, un premier pour faire des gaufres et un second pour des gaufrettes.
Un magnifique buffet ancien avec de la vaisselle ancienne et au mur une bassinoire en cuivre utilisée avec des braises pour réchauffer les lits.
A droite de la porte d'entrée, l' évier (grande pierre plate avec une évacuation directement à l'extérieur) et à gauche une très belle horloge
Le prêtre et l'instituteur avaient entendu parler d'une Institution Royale pour les Jeunes Aveugles de Paris fondée par Valentin Haüy en 1784. Le 15 Février 1819, Louis Braille y est admis, il est alors âgé de 10 ans, doté d'une bourse d'études payée par le département de Seine et Marne..
Depuis 1816, cette institution est installée dans le séminaire Saint-Firmin, le long du canal de la Bièvre. Si le canal a été partiellement asséché, les bâtiments sont restés humides et insalubres. Comme beaucoup d'autres enfants, Louis Braille y contractera la tuberculose.
L'enseignement dispensé à l'institution poursuit toujours le but de Valentin Haüy : "l'insertion des aveugles dans la société". Pour cela, les élèves reçoivent un enseignement général classique : lecture, écriture, grammaire, mathématiques, langues anciennes (latin, grec), histoire et géographie, sans oublier la musique.
Louis Braille bénéficie très vite des leçons de musique, violoncelle, piano et orgue dispensées dans l'école. Louis Braille devient organiste dans l'église près de l'institut.
Mais on les initie aussi très tôt à plusieurs métiers qui doivent assurer leur avenir : vannerie, reliure, imprimerie, sparterie, filature et tricot... Dès sa première année de scolarité Louis Braille rafle tous les prix, qu'il s'agisse de travaux intellectuels ou manuels. Et dès l'âge de 14 ans, il est nommé contremaître de l'atelier de chaussons de lisière (= Chaussons fabriqués avec des lisières de drap).
L'ATELIER DU MAITRE BOURRELIER SIMON-RENE BRAILLE mitoyen de la maison.
Sur une plaque accrochée au mur, on peut lire le texte suivant :
"Les Braille ont exercé, à Coupvray, pendant plus d'un siècle, le métier de bourrelier, se transmettant la tradition de père en fils. Le premier fut Simon Braille, grand-père de Louis, qui arriva à Coupvray vers 1740. Il prit la succession du maître bourrelier Auville, son beau-père, déjà établi en ce village au 17ème siècle.
C'est dans l'atelier de son père que se déroule le drame qui ravit la lumière au génial enfant de Coupvray."
Les Bottes de Postillon appelées aussi "Bottes de 7 lieues"
Elles sont utilisées en France jusque vers 1840. On pense qu'elles portent également le nom de "bottes de 7 lieues" car les relais de poste étaient distants d'environ 7 lieues !
Le postillon monte toujours un cheval (contrairement au cocher qui est assis), celui de gauche d'un attelage car c'est celui qu'on appelle le porteur. Il reste de longues heures à cheval quel que soit le temps sans protection spéciale contre les intempéries.
Ses bottes, fixées sur les flancs de son cheval, sont rigides et renforcées de fer afin d'éviter que ses jambes se brisent si sa monture venait à tomber. Elles sont également une protection contre les morsures ou les chocs.
Un collier de cheval
C'est ce qui entoure la base de l'encolure en s'appuyant sur les épaules du cheval. Toutes les pièces servant à tirer y aboutissent. Habituellement les colliers sont réalisés sur mesure, il doit être à la bonne taille pour ne pas blesser le cheval : trop grand il y aurait des frottements et trop petit il étoufferait le cheval.
Bride, Rênes et Mors
La bride est un ensemble de lanières qui est placé sur la tête du cheval pour maintenir le mors qui est une pièce métallique placée dans la bouche du cheval permettant de le conduire par l'intermédiaire des rênes.
Le joug
Pièce de bois placée sur la tête, ou le garrot, de l'animal de trait permettant de l'atteler en exploitant au mieux sa force de traction.
L'établi en bois et les outils
Il porte les traces des nombreuses heures de travail que les bourreliers successifs ont passé dessus à fabriquer, réparer... Les outils sont alignés et on peut y voir : maillet, ciseaux, couteau à pied demi-lune, alène, serpette...
Sur la photo suivante :une grosse paire de ciseaux, la grande tige en métal se trouvant à gauche est un repoussoir, les 3 petits outils (de haut en bas) sont : une alène courbe, une alène droite et un fer à déformer. Tout en bas il s'agit d'un peigne à crin
Le balancier de l'horloge de l'église
Il porte les traces des nombreuses heures de travail que les bourreliers successifs ont passé dessus à fabriquer, réparer... Les outils sont alignés et on peut y voir : maillet, ciseaux, couteau à pied demi-lune, alène, serpette...
Sur la photo suivante :une grosse paire de ciseaux, la grande tige en métal se trouvant à gauche est un repoussoir, les 3 petits outils (de haut en bas) sont : une alène courbe, une alène droite et un fer à déformer. Tout en bas il s'agit d'un peigne à crin
Le balancier de l'horloge de l'église
L’ŒUVRE DE LOUIS BRAILLE
Une salle se trouvant au dessus de l'atelier a été entièrement consacrée à son œuvre, retraçant les nombreuses découvertes liées au braille. Il faut emprunter un escalier ancien pour y accéder.
Deux grands hommes avant Louis Braille ont inventé des méthodes de lecture pour les aveugles :
Valentin Haüy (1745-1822) : interprète du roi de France, il lit le latin, le grec, l'hébreu et pratique une douzaine de langues vivantes. Il s'est fait une spécialité du déchiffrage des manuscrits anciens et du décodage des graphies secrètes. Il a posé les fondements des méthodes enseignées à l'institution dont il est le fondateur. Pour la lecture, il a inventé la lecture des signes par le toucher sur des planches de bois ou des plaques d'argile (alphabet en relief) et, comme les autres élèves, Louis Braille, a appris à lire grâce à cette méthode.
Les livres pour les aveugles, imprimés en relief à l'aide des poinçons de type Haüy, étaient réalisés par les élèves eux-mêmes. Les ouvrages étaient donc peu nombreux, mais surtout encombrants et difficile à lire.
La première photo est "Éléments de grammaire espagnole" Sébastien Guillié - ouvrage gaufré, INJA, 1819 et la seconde "Petit mémento d'arithmétique" Louis Braille, 1838 :
Il est même possible de faire de reproduire des figures géométriques :
Charles Barbier de la Serre (1767-1841) : officier de l'armée française, a trouvé un moyen d'échange nocturne de messages sur le champ de bataille, qui est la sonographie (système de points saillants). Le principe est la transcription de sons (au nombre de 36) à l'aide de points en relief placés sur une grille de 2 x 6 points. Mais non seulement cette méthode est compliquée pour aveugles mais en plus elle ne prend pas en compte l'orthographe, la grammaire, la ponctuation et les chiffres !
Il y a un article très intéressant le concernant sur le site "petit musée du braille".
Louis Braille : passera 24 ans dans cette institution, tout d'abord élève puis enseignant. Il est un élève travailleur, consciencieux et très intelligent ; il est brillant dans toutes les disciplines pour lesquelles le système de Haüy est utilisé.
Avant ses 16 ans, alors qu'il est élève à l'Institution, il met au point l'alphabet en relief. Plus tard, lorsqu'il est professeur dans cette même Institution, il imagine l'écriture ordinaire ponctuée et pose les fondements du braille abrégé. Louis Braille a 16 ans, lorsqu'il met au point en 1825 son procédé d'écriture et de lecture pour les aveugles.
Les élèves peuvent désormais prendre des notes et les relire, écrire sous la dictée et faire leurs devoirs. Ses recherches sont imprimées et diffusées à partir de 1829.
En 1839, Louis Braille invente le décapoint, transcription en relief de notre alphabet qui, lisible par tous, permet la communication entre les aveugles et les voyants. Le décapoint permet aux aveugles, à l'aide d'une grille et d'un poinçon, de représenter par des points saillants la forme même des lettres, des chiffres, les notes de musique et toutes les figures géométriques utilisées par des voyants. Ce système est très pratique mais lent. Voici des tablettes pour écrire le braille, la première date du XXème siècle et la seconde du XXIème :
Il faut savoir écrire à l'envers pour écrire avec les tablettes puisqu'il faudra retourner la feuille pour la lire, il existe donc une méthode de lecture et une autre d'écriture :
L'alphabet a été utilisé dans de nombreux pays. Sur la photo suivante : à gauche "alphabet Mascaro" (Portugal, vers 1890) et à droite "alphabet New-York Point" U.S.A. 1868 :
Pour effacer les fautes, il existe une gomme (inusable ^^) : il suffit d'appuyer sur le point en relief pour le faire disparaitre :
Machine pour le décapoint : placer un doigt sur le petit rectangle placé sur le dessus et en appuyant sur les touches les lettres des points vont se matérialisés sur ce rectangle (pas certaine que mon explication soit claire oups !)
En 1841, Foucault, l'ami des Quinze-Vingts, mécanise le système de Louis Braille et invente avec le raphigraphe ou la "planche à pistions", ancêtre de notre machine à écrire. Il possède un clavier que l'on peut déplacer de gauche à droite et porte 10 touches (n° 1 à 10 de haut en bas) qui permettent d'imprimer une colonne de 10 points. Pour former un caractère, il faut donc déplacer le clavier à plusieurs reprises, et former à chaque fois un morceau de lettre. Ainsi un L majuscule se fait en 7 fois.
Lors de la visite, une démonstration est faite avec cette machine à écrire le braille :
De nombreuses machines à écrire le braille sont apparues au fil du temps :
"Hall Braille Writer" - U.S.A. modèle apparu en 1892 :
"Machine Stainsby-Wayne" - Grande-Bretagne, vers 1900
"Machine à écrire Picht" - Allemagne, vers 1930
"Ordinateur David system 90 Baum" - Appareil à clavier braille et plage braille
Autre méthode de communication pour les aveugles : "Taubblinden-Alphabet" ou encore "Alphabet de Lorm". Elle a été inventée par Heinrich Landesmann (1821-1902), utilisant le pseudonyme Hieronymus Lorm. Les lettres sont positionnées sur la main, il faut écrire sur la main de la personne en touchant légèrement les différents emplacements emplacements des lettres pour former les mots.
Dans la pièce, on peut également voir une pendule de bois à colonnes torses : "Famille Braille, milieu 19ème siècle, Don de Mme Muller
"La cité de Carcassonne" livre en braille avec 1 CD audio dont voici quelques pages :
LA TOMBE DE LOUIS BRAILLE
Elle se trouve au milieu de l'ancien cimetière de Coupvray mais il n'y a que ses mains, conservées dans le reliquaire se trouvant sur la dalle. Le 20 juin 1952, le corps de Louis BRAILLE a été transporté au Panthéon en Hommage National.
LE MONUMENT LOUIS BRAILLE
Il se trouve à Coupvray dans le parc de l'Harmonie, c'est l’œuvre du sculpteur Etienne Leroux élevée en 1887 grâce à une souscription internationale.
- visite du musée Louis Braille à Coupvray
- Je Suis Mort.com
- Wikipedia
- Généanet
- La Généalogie des Stars
- Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes
Ecrit par Balkiara, le Vendredi 9 Mai 2014, 17:25 dans la rubrique "Journées Culturelles".