BALKIARA LA GRANDE GUERRIERE PHILOSOPHE

Hommage postume à l'Archi-Duc Démogron

A son passage dans la cour, Balkiara avait donné quelques directives supplémentaires quant à l’assemblage des barres métalliques et rapidement une structure rivetée fit son apparition. Un échafaudage en bois était lui aussi érigé au fur et à mesure. Satisfaite de l’avancée de la construction, elle pénétra dans la forge et enfila un tablier de cuir après avoir déposé Dromegon endormi dans une petite pièce attenante, dont la porte resta ouverte pour que Balkiara puisse toujours avoir un œil sur son fils.

Elle se mit immédiatement à l’ouvrage et prit une grande quantité de cire. Elle commença  par modeler une tête, puis à la suite d’un travail long et minutieux, un visage fit son apparition. Elle y consacra de longues heures, s’appliquant à recréer des lèvres charnues, un regard imposant ainsi que des pommettes saillantes. Une fois son œuvre terminée, elle l’observa consciencieusement et rectifia quelques imperfections.

Elle se rendit dans le fond de la forge et revint avec de l’argile. Elle la malaxa un moment et lorsqu’elle jugea qu’elle était suffisamment malléable, elle en recouvrit sa création de cire, le plus délicatement possible et fit un trou à la base. Elle passa délicatement son index sur les lèvres, comme elle le faisant si souvent par le passé et une larme perla sur sa joue. Il était devenu rare qu’elle montre ce genre de signe de faiblesse, mais l’émotion de recréer celui qu’elle avait tant aimé était trop forte. Elle avait vécu des moments merveilleux avec lui, il lui avait tant appris qu’elle l’aimerait pour le restant de ses jours, car l’amour qui les unissait était immortel. Elle regarda Dromegon endormi, le fils né de leur amour sans limite. Elle prit délicatement la tête confectionnée et la plaça dans le four où les flammes dansaient contre les parois.

Dromegon dormait toujours. Le pauvre petit n’avait pas l’habitude des banquets et surtout de voir autant de monde en une journée. Elle se mit à choisir avec minutie des plaques de bronze et les façonna de différentes formes après les avoir chauffées les unes après les autres. Dès qu’elle était refroidie à l’aide de nombreux seaux d’eau balancés dessus pas des gardes, elles étaient transportées dans la cour de la forteresse.

Et voilà que le temps nécessaire pour la cuisson du crâne était écoulé. Elle saisit de grosses tenailles et ouvrit le four. Délicatement, elle attrapa son chef-d’œuvre et le déposa à l’envers sur un établi, le calant bien pour qu’il ne se brise pas. Durant la cuisson, la cire s’était écoulée par l’orifice et elle avait donc obtenue ainsi une sculpture creuse. En attendant le refroidissement, elle continua à trier puis préparer les plaques de bronze. Elle en fit fondre un certain nombre.

Après plusieurs heures de dur labeur, la tête était prête et froide. Elle versa par l’orifice le bronze liquide bouillant, dans la tête creuse. Elle faisait couler le bronze lentement pour ne pas rater en versant à côté. Une fois le vide comblé, elle attendit une nouvelle fois qu’il refroidisse.

Encore quelques heures s’écoulèrent durant lesquelles, elle se rendit dans la cour pour surveiller l’avancée des travaux. Tout se déroulait comme prévu et les soldats connaissant très bien la finalité, faisait preuve d’efficacité. Il faut dire qu’ils avaient été à la solde de Démogron et l’avaient vénéré au plus haut point. Ils lui devait bien ça.

Elle revint dans sa forge et avec un petit marteau, elle brisa avec douceur l’argile. Dès qu’elle eut terminé, une magnifique tête au visage d’une beauté exemplaire se trouva posée sur son établi. Elle posa sa main sur la joue de la fidèle reconstitution du visage de l’Archi-Duc Démogron, puis passa une nouvelle fois son index sur ses lèvres. Elle alla même jusqu’à déposer un baiser sur ses lèvres, en fermant les yeux. Elle avait fait ces gestes de si nombreuses fois, qu’elle fit un bon dans le temps et apprécia ce moment avec volupté. Moment fort en émotion, riche en sentiment et plus belle preuve d’amour lui apportait-elle là.

Elle venait d’inventer la technique de le fonte à la cire perdue  Elle prit la tête contre sa poitrine et se rendit dans la cour de la forteresse, faisant signe à un garde de prendre le couffin où son fils, héritier de Shor’Goroth, promis à un grand avenir, était endormi.

Ecrit par Balkiara, le Dimanche 4 Février 2007, 23:55 dans la rubrique "Histoire d'un Amour Eternel".

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