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BALKIARA LA GRANDE GUERRIERE PHILOSOPHE

Si mes écrits vous dérangent, sachez que vous n'êtes pas obligés de venir les lire.

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Enseigner les limites dans un monde sans limite

Personne ne peut plus aujourd'hui nier la réalité ni la légitimité de la demande de sécurité. Car la sécurité fonde, comme bien des intellectuels le redécouvrent, tout "contrat social". Faute de pouvoir s'en prendre frontalement à la politique du gouvernement dans ce domaine, massivement soutenue par les Français, certains feignent de n'y voir qu'une forme de répression, rappelant qu'elle ne résout rien sur le fond, qu'elle ne fait que traiter les effets du mal sans s'attaquer à ses causes. Ils reprochent, en d'autres termes, au gouvernement actuel de ne pas faire assez pour la "prévention".

Il me paraît tout d'abord caricatural d'opposer brutalement aux tenants de la répression les apôtres de la prévention. Dans toute politique à caractère social, répression et prévention vont de pair. La répression, parce qu'elle seule permet, à court terme, le maintien de l'ordre.

La prévention, parce que sans elle les mêmes causes reproduisent les mêmes effets. Y renoncer serait renoncer à toute réforme en profondeur de notre société, ce serait, par avance, condamner toute une partie de la jeunesse française.

Redisons-le donc haut et fort : nous sommes évidemment partisans d'une politique de prévention de la violence. Toute la question cependant est de savoir de quelle prévention l'on parle. Pendant de nombreuses années a prévalu un discours qui faisait de la violence la conséquence mécanique d'une structure socio-économique aliénante. La seule prévention efficace consistait alors à débloquer des crédits pour améliorer les conditions matérielles de vie dans les quartiers difficiles. Ou à attendre le retour de la croissance économique avec, selon le mot malheureux de Lionel Jospin, la "naïve" conviction que s'ensuivrait un recul de la délinquance.

Une semblable démarche ne pouvait aboutir : de nombreuses études nous indiquent en effet que la violence et la délinquance ne sont pas une simple réaction à une situation socio-économique d'exclusion. Contrairement aux idées reçues, on s'est même aperçu que la plupart des jeunes violents ont une vie sociale relativement comparable à celle des autres jeunes : ils sortent, ils ont des amis, suivent des études... Si les politiques de prévention menées par le passé n'ont guère eu de résultats, c'est peut-être parce qu'elles partaient d'une analyse fausse, d'un préalable erroné.

L'action préventive que nous avons engagée se déploie sur un autre terrain : celui de l'éducation. Loin des grands déterminismes macroéconomiques, il s'agit de revenir à la personne, dans sa complexité psychologique et humaine. En comprenant que celle-ci ne peut s'épanouir que dans l'apprentissage progressif de limites qui donnent au monde ses formes et à la liberté individuelle son assise.

Les troubles dont souffrent nombre de nos enfants ne sont pas d'ordre matériel, mais psychologique et symbolique. Ces jeunes évoluent bien souvent dans un environnement chaotique, sans règles, le plus angoissant qui soit. D'où leur hyperréactivité à tout événement extérieur, perçu a priori comme une menace. Je remarque que les adolescents eux-mêmes réclament, à leur manière confuse, ces limites qu'on n'a pas voulu ou su leur transmettre. La faveur dont bénéficient certains mots (celui de "respect", par exemple) ainsi que les formes très rigides d'organisation que les jeunes gens s'imposent parfois à eux-mêmes sont là pour témoigner de ce refus presque instinctif de l'anomie, fût-ce sous la forme dangereuse de la promotion de la loi du plus fort, qui n'a de loi que le nom.

Tous ces faits disent assez à quel point aujourd'hui nous avons besoin de cette éducation à la limite, sans laquelle toute autre éducation est impossible. C'est ici, nous objectera-t-on, que l'on se heurte au fameux paradoxe de l'autorité. L'obéissance aux règles, semble-t-il, suppose toujours déjà le respect des règles, de sorte qu'il paraît vain de vouloir les imposer. L'autorité ne se commande pas. Certes, mais ce cercle vicieux n'est-il pas celui de l'éducation en général ? N'a-t-il pas fallu de tout temps enseigner des normes à des êtres pour qui au départ elles ne signifiaient rien ? Les "sauvageons" ne sont pas un phénomène contemporain. Toute éducation a, par définition, vocation à conduire des "sauvageons" vers la culture commune.

Il ne faut donc pas céder aux paradoxes faciles, qui sont autant d'invitations à baisser les bras. A condition de bien garder à l'esprit ce qui fait la dureté de notre temps : nous devons à présent enseigner les limites dans un monde sans limites. Non seulement l'école ne peut plus s'appuyer sur les valeurs traditionnelles, mais elle entre aujourd'hui en concurrence avec de nouveaux pôles d'autorité prônant, plus ou moins consciemment, le "no limit". Je pense à certaines émissions de télévision ou à des jeux vidéo.

Le problème de l'école, si isolée dans sa mission éducative, est alors de ne pas succomber à la tentation réactionnaire, sans pour autant retomber dans l'angélisme. C'est pourquoi nous souhaitons un nouveau pacte scolaire où s'affirme sans complexe la valeur de la règle, sans pour autant que soit fait référence à un ordre ancien. Nous voulons construire un univers symbolique cohérent dans lequel les jeunes puissent à nouveau vivre. D'où notre insistance sur d'apparents détails : la diffusion du livret des droits et des devoirs, l'affichage du règlement dans toutes les classes, la remise solennelle du carnet de notes, etc. D'où aussi des questions épineuses que je soumets, sans idée préconçue, au débat, tel le port de l'uniforme. Toutes mesures qui paraissent parfois dérisoires, mais qui peuvent influer sur la mentalité ambiante.

Certaines des dispositions prises rappellent peut-être des pratiques du passé. Mais l'esprit dans lequel nous les mettons en œuvre est nouveau : il s'agit - le mot "pacte" l'indique - de fonder les normes, non sur une tradition, mais sur l'examen raisonné des responsabilités de chacun.

A nos bonnes intentions on oppose souvent la réalité d'adolescents enfermés dans leur cynisme, riant au nez de ceux qui se risquent encore à leur parler le langage de la République. Pour sauver ces adolescents, le simple travail sur les "symboles" ne suffit plus. Seule l'invention de solutions concrètes, à mille lieues de toute recette miracle, semble encore en mesure d'éviter le formidable gâchis en train de s'accomplir. Le détour par des activités artistiques et physiques peut dans cette perspective se révéler très efficace. L'art ou le sport sont, au sens propre, de véritables disciplines, en même temps qu'ils offrent à des jeunes en rupture avec le système une forme d'évasion.

Les difficultés que nous rencontrons avec les adolescents doivent nous inciter à donner le plus tôt possible à nos enfants les repères dont ils ont besoin. C'est dès l'école maternelle et primaire que la prévention doit se mettre en place. Nous avons naturellement tendance à faire de cet âge de la vie un univers à part, où règne l'innocence, et nous avons raison. Mais nous ne devons jamais oublier que l'essentiel de l'éducation se joue, précisément pour cette raison, à ce moment-là.

Mais l'école à elle seule ne peut pas tout. Elle doit sortir de son isolement et trouver des alliés. En premier lieu auprès des familles. On parle beaucoup de la crise de la famille, laissant imaginer que beaucoup d'enfants seraient comme livrés à eux-mêmes. Ce n'est fort heureusement pas vrai. J'ai mentionné l'apparition d'une autorité d'un type inédit, émanant des nouveaux médias (télévision, Internet, etc.), en soulignant leur action potentiellement néfaste. Rien n'interdit de penser que ces nouveaux maîtres de vérité, parfois révérés par nos enfants, puissent jouer un rôle éducatif positif. De nombreuses initiatives ont déjà été prises dans ce sens. On pourrait enfin évoquer la politique de la ville : comment croire à des règles dans un espace urbain déréglé, illisible, sans contours bien définis ?

Il ne s'agit donc pas pour nous de négliger l'insertion économique, sociale, culturelle. Mais de rappeler que cette insertion ne peut réussir qu'auprès d'individus qui ont déjà accepté les règles qui régissent toute société. C'est un vaste réseau de solidarités qu'il faut tisser autour du foyer scolaire, l'école demeurant au centre, afin que la vie en commun reprenne sens et que soit marginalisée la violence.

Xavier Darcos est ministre délégué à l'enseignement scolaire.

Le Monde - 21/11/2003

Ecrit par Balkiara, le Vendredi 19 Janvier 2007, 16:22 dans la rubrique "Rélexions Philosophiques".

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Commentaires

Balkiara

Balkiara

20-01-07 à 11:23

J’ai bien aimé ce texte qui a été donné pour la préparation du concours pour entrer à l’école de cadres. Et en plus, il est toujours d’actualité, Xavier DARCOS avait vraiment bien cerné le problème.

Il est vrai que certains adolescents ont des comportements provocateurs, agressifs. Ils recherchent la limite, testent l’adulte pour voir jusqu’où ils peuvent aller, à quel moment ils seront contraints d’arrêter… ils poussent jusqu’à l’extrême limite, qui bien souvent est beaucoup trop loin.

Ils ont perdu (pas tous heureusement) la notion de respect et considèrent l’adulte comme leur égal, ce qui, à mon avis, n’est pas le cas.

Ils sont à la recherche de repères et les parents démissionnaires ne réalisent pas que ce n’est pas rendre service à leurs progénitures que de fermer les yeux et céder à tous leurs caprices.

Un jeune ne peut pas obéir à une règle s’il ne respecte pas celui qui l’a écrite. Il se croit supérieur, se prend pour le meilleur, pense détenir la science infuse… et de ce fait il n’écoute pas l’adulte, et va commettre des erreurs.

Il est vrai que l’adolescent doit faire ces erreurs pour apprendre, mais parfois elles peuvent l’emmener beaucoup plus loin que ce qu’il escomptait.

Il est difficile d’être parent, car bien souvent il cède pour ne plus entendre hurler le jeune... ce qu’il ne sait pas c’est qu’en transformant un non en oui, il n’est plus crédible aux yeux de son enfant. L’adolescent ayant compris qu’avec des hurlements, des pleurs… il obtiendra ce qu’il souhaite et bien il n’aura de cesse de faire son cinéma jusqu’à l’obtention de son désir… et malheureusement pour le parent, ça fonctionne…

L’adulte se fait avoir jusqu’au jour où il ouvrira enfin les yeux et ne reviendra pas sur une décision prise.

Je suis persuadée que si on sait dire non à un jeune et qu’il est correctement cadré, que les limites sont bien définies, beaucoup de problèmes seront résolus (pas tous c’est certain, mais une grande partie).
J'ai été une adolescente plus ou moins rebelle et il est vrai que je voulais attirer l'attention, mais parfois cela m'a couté assez cher. Maintenant, je le comprends mais il est trop tard. C'est la roue qui tourne et au jour d'aujourd'hui, le moyen de l'arrêter n'as toujours pas été découvert.


Re:

metlaka

metlaka

21-02-07 à 13:28

Bizarre... L'auteur ne lit pas les mêmes sociologues que moi...
Par exemple, une étude dirigée par Hugues Lagrange, de l'observatoire sociologique du changement a montré qu'avoir une mère active protège de la délinquance...

Ce qu'il faut pour ses jeunes tient pour moi d'une chose simple : la réussite scolaire. Lors des émeutes, si on regarde symboliquement les objets brulés, nous avons eu des voitures (symbole de l'économie de marché) et des écoles (symbole de l'égalité des chances).

Comme l'a montré Bourdieu, la réussite scolaire dépent principalement du niveau de diplome des parents qui permet, lorsqu'il est élévé d'avoir un enfant avec une culture adaptée aux études, des moyens financiers et scolaires pour l'aider. Rendre plus strict l'école n'est pas une solution. Les enfants dans la maternelle et le primaire ont des grands frères, cousins ou voisins qui ont échoués face au systême éducatif et vivent dans l'exclusion. Pour cette raison, durcir serait pour moi mettre en danger les enseignants et leurs assistants, les enfants de zones urbaines sensibles ayant un autre modèle qui s'apparait plus facile à leur vue.
Inclure une majorité de ses jeunes me semble prioritaire si l'on veut pouvoir aider les plus jeunes générations.
Quand aux enfants, des écoles expérimentales ont réussis à dépasser les moyennes nationales en modifiant le rapport à l'enfant. Je te conseille, balki, de lire à ce sujet le Sciences Humaines n°179, c'est celui de fevrier 2007, tu devrais donc encore le trouver. ;p


Re:

Hylst

Hylst

05-05-08 à 00:23

Merci pour cet article de notre ministre de l'éducation à ce jour qui rassure quant à sa vision des choses.
Le fait de ne pas reveir sur ce quer l'on a dit lorsque l'on éduque qqu'un aux yeux de se dernier est en effet une des bases primordiales du respect.
Et il en est tant d'autres qi'il faudrait inculquer à tant d'autres parents...
As tu déjà un peu fait le point des actions menées par X.D. et des ses projets concrets allant dans le sens de son article ?


Re:

Balkiara

Balkiara

13-05-08 à 00:16

Le système scolaire français devrait être entièrement revu et amélioré. La façon d’enseigner n’est pas toujours adaptée : on veut inculquer tellement de choses aux jeunes que pour parvenir à boucler les programmes, les enseignants sont obligés d’aller vite et au final les élèves n’ont pas enregistré grand-chose. Je pense qu’il serait préférable de réduire la quantité afin d’offrir de la qualité pour que les élèves retiennent les cours.

Lorsque je vivais en Allemagne, nous n’étions qu’une quinzaine par classe, alors qu’en France bien souvent les classes atteignent le nombre de 30 et même plus. Et cela ne va pas aller en s’arrangeant puisqu’il faut faire des économies et donc diminuer le nombre d’enseignants ce qui va réduire le nombre de classes donc augmenter le nombre d’élèves dans chacune d’elles.
Enfin, je ne souhaite pas ouvrir le débat sur ce sujet car tout le monde le connaît étant donné les nombreuses manifestations de ces derniers mois.
Faire bouger le mammouth qu’est l’éducation nationale fait partie du domaine de l’impossible, alors ce combat sera difficile à mener.

Quant au rythme scolaire, en Allemagne nous avions tous les après-midi libres mais les allemands savent occuper leur temps libres : ils font du sport, de la musique, visite les musées… nous ne pourrions pas réaliser la même chose en France car si nos écoliers avaient autant de temps, ils traîneraient dans les rues car ce n’est pas dans l’éducation française d’inscrire les enfants dans des clubs… il y en a quelques-uns qui ont des activités extrascolaires mais malheureusement ce n’est pas la majorité.

Pour ce qui est du respect : je pense que si les adultes respectaient un peu plus les jeunes, il y aurait moins de dérapage. Attention, je ne dis pas que les adultes sont responsables mais que les torts sont partagés. Si chacun des camps faisait un peu plus d’efforts, les relations seraient bien meilleures. C’est de la pure utopie car cela n’arrivera malheureusement jamais car chacun reste sur ses positions et rejette la faute sur l’autre.
Je ne dis pas non plus de se laisser marcher dessus ou insulter, mais de ne pas les pousser à bout comme certains adultes savent si bien le faire et vice versa. Il ne suffit pas de hurler, punir etc… ce qu’il faut c’est être ferme, logique et surtout impartial.
J’ai constaté qu’avec une même classe, certains professeurs n’avaient pas de problème alors qu’un autre n’y arrivait pas : tout est une question de respect.
Si les jeunes étaient moins gâtés (aujourd’hui ils ont tous le dernier portable…) ils seraient moins vindicatifs et violents. Actuellement, il suffit qu’ils tapent du pied ou bien fasse leur petite colère pour obtenir ce qu’ils veulent, alors si le « non » reste « non » jusqu’au bout, ils comprendront les vraies valeurs, mais là ce sont plutôt les parents qu’il faudrait éduquer.

Il est question de réintroduire les phrases de morale à l’école : je ne suis pas contre du tout. Puisque les parents sont démissionnaires, il faut bien que quelqu’un inculque ces choses à la jeunesse française. Ça ne peut pas leur faire de mal d’entendre de sages paroles.

Ouah !!!! Je m’emballe, je m’emballe et mes doigts courent sur le clavier à grande vitesse ! Il y a tellement à dire et en plus c’est un des sujets qui me tient vraiment à cœur, alors je préfère m’arrêter sinon je vais encore déchaîner les foudres de ceux qui ne sont pas de mon avis et je ne veux pas que mon joueb devienne un champ de bataille.  


Re:

Hylst

Hylst

18-05-08 à 10:57

Trop d'élèves par profs pour une attention suffisante et un enseignement réellement efficace...
assurément oui...
particulièrement pour les élèves manquant le plus d'autonomie.
Il y a certes beaucoup d'enseignements qu'il serait bon de prodiguer au plus tôt pour une meilleure assimilation, seulement... le temps n'est pas extensible :/
A budget limité qui plus est...
Question de gestion, de répartition... ?
Uniquement les cours les plus essentiels... ?
Mais... si nous arrivions à expliquer moins longtemps ... pour la même compréhension / assimilation ?
Méthodes d'apprentissages à améliorer ? Formation en socio / psychologie élémentaires / comportementales pour les enseignants ?
Formations d'aide à l'éducation des parents... Officialisée d'un point de vue national ?
En cas de problèmes de non respect des règles et de l'autorité professorales à multiples reprises,
envisage pénalités financières sur allocations familiales ou autres aides sociales ?
Mesures nouvelles et drastiques à mettre en oeuvre face à cette décision de restriction / limitation de budget de la fonction publique et de l'enseignement ? N'y a t il point d'autres budgets à revoir à la baisse davantage que celui de l'éducation nationale au sein même de la fonction publique ? (oh que si...) ? Pas d'autres économies au sein de l'éducation nationale que le nombre d'enseignants ? Des études déjà faites par d'autres ?
MMhhh... douce hérésie... ou... preuve que la bien lourde éducation nationale peut mettre en place de grandes réformes encore ?

à suivre...


Un bien vaste sujet : l'Education Nationale !

Balkiara

Balkiara

20-05-08 à 13:57

Question de gestion, de répartition... ?

« Un collège pour tous » est-il une si bonne idée ? C’est-à-dire qu’il ne devrait plus y avoir de classes de niveaux, enfin dans la théorie c’est ce qui devrait être fait, mais dans la pratique ce n’est pas toujours le cas puisque, par exemple, les latinistes sont regroupés et il est bien évident que les élèves en difficulté ne vont pas faire de latin.
Donner sa chance à tous les élèves est une bonne chose, mais l’enseignement n’est pas toujours adapté. Dans les classes, on distingue très souvent un peloton de tête constitué des meilleurs éléments, normal ! et le peloton de queue, englobant les enfants plus lents, ayant des troubles cognitifs etc… qui sont complètement largués. Malgré leur décrochage, la cadence ne va pas être ralentie, alors on continue d’avancer à leurs dépens…
Il est bien connu qu’un jeune en difficulté présente des troubles du comportement (ce n’est pas non plus une généralité, fort heureusement !) mais cela peut expliquer (et non excuser) de tels agissements.
Tout compte fait, constituer des classes d’élèves de même niveau n’était probablement pas si mal car on pouvait avancer au rythme de chaque classe. Mais à ce moment-là, il est dit qu’ils sont « parqués » et c’est un signe distinctif !!! Sacré dilemme tout de même : ce qui pourrait être mis en œuvre pour les aider serait mal vécu, alors on les laisse au milieu de la masse et ils se noient !!!
Comment faire alors ? Les cours de soutien, qui n’existent que dans les ZEP si je ne me trompe pas, seraient très bien s’ils étaient abordés d’une manière différente du cours traditionnel. Refaire le cours incompris de la même façon ne sert à rien, il faudrait donc améliorer la méthodologie. Heureusement, certains enseignants y parviennent parfaitement et réussissent à « sauver » certains enfants.

Uniquement les cours les plus essentiels... ?

Il est vrai que certains cours ne sont pas véritablement nécessaires ; ces heures-là pourraient être utilisées pour le soutien, surtout en primaire, comme par exemple : l’apprentissage d’une langue. Il est vrai que plus une langue vivante est apprise tôt mieux elle sera mémorisée. Mais ne serait-il pas plus judicieux de commencer par leur apprendre correctement le Français ? En plus, le choix de la langue n’est pas donné puisque ça va dépendre de l’intervenant disponible pour cet enseignement. Certaines écoles proposent des activités tennis, roller etc… c’est très bien d’éveiller les enfants à autre chose, mais je pense qu’il faut le faire avec parcimonie et surtout pas au détriment des matières dites essentielles : là aussi certains instituteurs préviennent dès le début de l’année qu’ils ne feront pas de tennis… mais privilégieront les mathématiques, l’orthographe, la grammaire

Méthodes d'apprentissages à améliorer ?

Assurément oui ! Les enfants atteints de troubles cognitifs (= dyslexie, dysorthographie, dyscalculie…) ne perçoivent pas du tout comme les autres. Dans la majorité des cas les méthodes ludiques sont préconisées et la gestion mentale est très efficace. C’est-à-dire l’utilisation d’objet comme des bonbons, des bouliers… pour apprendre l’addition, la soustraction… des astuces pour retenir certaines règles qui, fut un temps, étaient enseignées, comme pour les signes < et > : on fait référence au côté de l’ouverture (en espérant que vous connaissiez).
Si on voit que l’élève n’a pas compris, il faut expliquer d’une façon différente car répéter dix fois la même chose ne lui fera pas mieux comprendre.
Enfin bref, il existe de nombreuses manières pour enseigner, que tout le monde ne possède pas mais la qualité la plus importante, et je dirais même primordiale, est LA PATIENCE !!!

Formation en socio / psychologie élémentaires / comportementales pour les enseignants ?

Je crois que là tu as touché le point sensible : les enseignants n’ont, durant toute leur formation, qu’une heure ou deux je crois bien, de théorie concernant la psychologie… c’est une véritable lacune car lorsqu’ils se retrouvent face à des enfants, pré-ados ou ados, ils ne comprennent pas leur langage. Ils ne sont pas aptes (ce n’est bien sûr pas une généralité, et là aussi fort heureusement) à déceler une dyslexie ou autre problème comportemental, ils ne connaissent pas (pour une minorité j'espère) les bases qui sont la fermeté, la rigueur et surtout l’impartialité. Si une punition, ou une sanction, est juste et comprise, elle n’aura pas le même impact que si elle est ressentie injuste et inutile !
Dans certains établissements les « anciens » professeurs encadrent les « nouveaux » et je trouve que c’est une bonne chose, car j’ai souvent constaté qu’avec une même classe, donc avec les mêmes élèves, certains professeurs n’avaient aucun souci alors que d’autres n’en venaient pas à bout !

Euh ! je vais peut-être arrêter là car je pourrais encore en écrire de nombreuses pages, car c’est vraiment un sujet sur lequel je me suis énormément penchée. Si j’ai de très bonnes relations avec les chefs d’établissements (je siège en CA, conseils de classes etc…) ça ne se passe pas toujours bien avec de rares enseignants, mais c’est tout de même assez rare. Je terminerai en disant que : oui, la bien lourde éducation nationale peut mettre en place de grandes réformes mais que pour cela elle devrait cesser de prendre nos enfants pour des cobayes !!!


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