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BALKIARA LA GRANDE GUERRIERE PHILOSOPHE

Si mes écrits vous dérangent, sachez que vous n'êtes pas obligés de venir les lire.

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Démogron rend hommage à Ssessuréa !

Une gigantesque monture d'un noir de jais arriva devant le temple, puis le contourna avant de s'arrêter derrière les murs de marbre.
Démogron descendit de Nightmare, un sourire dérangeant toujours rivé aux lèvres. Il fit le tour de la bâtisse et y pénétra d'un pas tranquille.
Le temple était vide, et les pas du géant résonnèrent dans la demeure des dieux. Son ample manteau d'un noir d'encre flottait autour de lui, et la lueur des cierges se reflétait sur la large araignée d'argent qui étendait lascivement ses longues pattes sur le plastron de son armure. Arrivé devant l'autel de Kaltia, son sourire s'élargit, et il cracha sur le sol de marbre.


Gloire à toi, déesse des tourments psychiques, de la douleur morale et du mensonge !

Son regard était de glace, et il sembla attendre une réponse pendant quelques instants. Puis il secoua la tête et se retourna, prenant la direction de la sortie.

Je t'ai adoré, déesse, murmura t-il pensivement, je t'ai vénéré pieusement, et t'ai offert mon âme ! Mais tu n'es qu'une entité ingrate qui se complait dans l'adoration par des cancrelats perfides et intrigants ! Tu n'es pas ce que tu prétends être... Et c'est pour cela que je t'ai renié !

Il s'était arrêté sur le seuil, et regardait la statue représentant une femme aux traits doux avec une concentration douloureuse. Une terrible souffrance se lisait sur ses traits et dans son regard, tout à ses reproches.

J'ai suivi une autre voie que la tienne déesse, une voie que tu méprisais sans doute autant que JE te méprise désormais ! Une voie qui m'a sauvé des tourments infâmes de mes envies de suicide et de mes maux intérieurs ! Je suis LIBRE, DÉESSE ! JE SUIS LIBRE ET FIER !

Il s'était dressé de toute sa taille et rugissait à l'encontre de la statue, les traits déformés par une rage douloureuse.

UN AUTRE DIEU M'A OFFERT UNE AUTRE VIE, DÉESSE, ET JE LUI CONSACRE CHACUN DE MES ACTES COMME JE TE CONSACRAIS CHACUNE DE MES PRIÈRES, CHACUN DE MES SOUFFLES ET CHACUNE DE MES ACTIONS !

Puis il sembla s'affaisser, et une larme de sang coula sur sa joue.

Peu importe, murmura t-il d'une voix brisée, il n'y a plus rien dans ce temple ! Ce lieu est vide de toute présence !

Écœuré, il cracha une nouvelle fois en direction du chœur, et ressortit du temple.

Il le contourna et alla s'agenouiller devant la tombe de celle qui fut sa première victime.


Ssessuréa... Ssessuréa mon amie, je dois avouer qu'à chaque fois que je reviens en ces lieux, en ces terres que tu chérissais, en ce duché que tu gouvernais avec la sagesse et l'amour d'une mère, à chacune de mes venues je me trouve plongé dans un abîme de doutes et de tristesse. Ces terres ont pour moi la résonance grave et douce d'un lieu paisible dans lequel j'aurais longtemps vécu, ou dans lequel j'aurais voulu vivre. Et chaque fois c'est une colère incommensurable et douloureuse que de comprendre à quel point je me suis perdu dans le chemin que je voulais suivre, que j'aurais voulu suivre, ou que j'aurais du vouloir suivre !

Deux larmes claires tombèrent sur la terre fleurie, mais le géant ne les vit pas. Il était dans un autre monde, il était tout à sa prière.

Si seulement... si seulement je t'avais rencontré plus tôt ! Si seulement je t'avais suivit ! Si seulement je t'avais aimé avant l'instant cruel où de ma main tu péris ! Mais... mais le destin en a voulut autrement... Le dieux...

Sa voix se brisa et il lança un regard haineux à la bâtisse blanche qui se dressait à quelque mètre de lui.

Les dieux en ont décidés autrement, et c'est dans la douleur que s'est expérimenté notre amour. Dans la douleur et la colère. Dans cruauté et la tristesse. Mais je sais que grâce à toi j'ai trouvé ma voie, j'ai arrêté de chercher un idéal de bonté et de vertu inaccessible, j'ai cessé de croire en ces dieux narcissiques et ingrats ! J'ai trouvé, j'ai forgé, j'ai aimé et adoré une divinité à mon image, une divinité dont les récompenses furent bien plus que l'or et a gloire !

Puis le géant se releva, les traits sereins et un doux sourire effleurant ses lèvres.


Ma défunte aimée, je vais encore te prendre ce qui t'a appartenu, mais je sais que tu ne m'en voudras pas. Qu'importe le corps, quand on vit pour l'éternité aux côtés de ceux qu'on aime ? C'est en tout cas ce que je te souhaite, mon amie !

Le géant s'inclina devant la tombe et alla chercher la pelle que transportait sa monture. Il commença ainsi ce que l'on a coutume d'appeler vulgairement de la profanation de sépulture, et bientôt, une fosse béante s'ouvrait à l'emplacement de la tombe de la duchesse Ssessuréa du Landstorm. Lorsque la blancheur d'un crâne apparu au sein de la terre humide, le géant cessa de creuser et finit de gratter la terre de ses mains gantées. Il en extrait ainsi le crâne de celle qui fut sa première victime en Asturyan, et le contempla avec amour. Il le nettoya méticuleusement, et le rangea soigneusement dans un sac de velours noir qui se trouvait dans une des sacoches posées sur la croupe de sa monture.

Puis, avec un sourire amusé, il tira de l'autre sacoche ce qui semblait être une jeune laie. La bête était visiblement décédée d'un coup de lame précis sur le flanc, et le géant lui trancha la tête avec précision et rapidité.
Puis il coupa l'oreille de la laie décapitée, la mettant de côté, et plaça la tête porcine à l'endroit où s'était trouvée la tête de la duchesse, quelques minutes plus tôt.

Puis, son sourire rêveur et amusé toujours rivé au visage, il replaça la terre de sa pelle, refermant la tombe avec soin. Il tira alors d'une des poches de son manteau un fin stylet doré, semblable à celui qui entraîna Ssessuréa chez Solanysse, transperça l'oreille tranchée de la laie, et planta le tout dans la terre tassée qui faisait une petite bosse au dessus de la tombe.


Avec tous les compliments du Seigneur Dracon, murmura t-il en effectuant un salut militaire.
Il frotta de sa main la terre où ses empreintes de pas pouvaient être visibles, effaça toute trace, et remonta sur sa monture après avoir rangé la pelle.

Avec un dernier salut de la main, il quitta les terres du Landstorm pour prendre la direction de Pélops.

Ecrit par Démogron, le Vendredi 29 Décembre 2006, 14:13 dans la rubrique "Histoire d'un Amour Eternel".

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