COULOMMIERS le 17 Mai 2014
--> La commanderie des templiers
C'est une visite que je recommande vivement, car il est toujours intéressant de connaitre l'histoire. Un grand merci à la personne bénévole qui nous a fait une visite guidée des lieux et nous a permis de pique-niquer sur place. Nous avons passé un très agréable moment à découvrir ces bâtiments et le jardin médiéval.
Un grand merci surtout à l'association qui restaure, entretient... bénévolement cet endroit car sans elle il y aurait une cité à cet emplacement. Heureusement qu'il existe encore des personnes pour sauvegarder notre patrimoine !
Implanté sur le Montbillard, qui domine la cité de Coulommiers, cet ensemble architectural qui eut jadis vocation religieuse et agricole, est le témoin le plus complet, au nord de la Loire, de la vie des chevaliers de l'ordre du Temple.
Cet ordre mi-religieux mi-militaire, créé en 1128, avait pour vocation première d'assurer la protection des pèlerins vers Jérusalem et de défendre les lieux Saints contre les infidèles. Une telle mission nécessitait d'une part, un nombre suffisant d'hommes en armes et d'autre part, une source financière importante (constituée des revenus agricoles et des donations des fidèles) pour alimenter les activités militaires en Orient. Ces édifices, à la fois centre religieux et exploitation agricole, appelés "Maisons du Temple", furent estimés au nombre de 1 200 dans la France du XIVème siècle, dont une douzaine en Seine-et-Marne. Fondée aux environs de 1172-1173, la Commanderie templière et hospitalière de Coulommiers, et ce malgré les soubresauts de l'histoire, les méfaits du temps et des hommes, nous est parvenue dans sa presque intégralité.
Donnée en 1312 aux Chevaliers de l'Hôpital Saint-Jean-de-Jérusalem (ordre de Malte), suite à l'arrestation des moines-soldats en 1307 et au démantèlement de l'ordre du Temple, la commanderie est vendue en 1794 au titre de bien national, à Pierre Josse, cultivateur, qui transforma le logis en logement des fermiers et la chapelle en grange.
L'ancienne commanderie du Temple de Coulommiers devenue commanderie de l'Hôpital, puis simple "ferme de l'Hôpital" ne sera, pendant plus d'un siècle, qu'une ferme anodine, vendue plusieurs fois et subdivisée entre divers propriétaires au cours des XIXème et XXème siècles.
Rachetée par la municipalité en 1964, après le départ des derniers fermiers, un projet d'urbanisation des terres est envisagé, condamnant définitivement la commanderie par la destruction de ses bâtiments.
Sauvé de justesse en 1966 par l'association locale des "Amis du musée du papier", le site est, depuis 1994, et ce grâce au travail colossal effectué chaque été, depuis 35 ans, par des bénévoles, classé Monument Historique.
Depuis 1990, l'association ATAGRIF (Ateliers de Techniques Anciennes) perpétue la protection et la mise en valeur du site, en organisant des activités pédagogiques tout au long de l'année : chantiers de restauration, stages de formation aux techniques anciennes, centre de loisirs pour les enfants, expositions, concerts, visites et conférences autour de la période médiévale.
L'ensemble architectural s'organise autour d'une grande cour rectangulaire mesurant environ 100 m x 50 m. Un petit appentis perpendiculaire à l'axe de l'ensemble, sépare la basse cour (à l'origine en terre battue) ceinturée par des granges, de la cour d'honneur, jadis pavée qui regroupe les bâtiments principaux (ex : la chapelle).
1) LA GRANDE AUX DÎMES
Utilisée actuellement par la municipalité pour des expositions, ce bâtiment de 33 mètres de long, contre-buté par des contreforts identiques à ceux de la chapelle, servait à entreposer la dîme (impôt religieux prélevé jusqu'en 1789 et correspondant au dixième des récoltes produites sur les terres). Édifié sur les bases d'une ancienne grange, l'édifice possède une charpente en pin et en chêne daté de 1495 mais porte de nombreuses traces de remaniement, comme par exemple le porche, réalisé au XXème siècle.
2) PETITE GRANGE ET CHARRETERIE
Probablement édifiées entre les XVIIIème et XIXème siècles, en remplacement de bâtiments plus anciens qui abritaient les caves du XIIIème siècle, ces anciennes grange et charreterie font aujourd'hui office de logis des bénévoles et d'atelier de taille de pierre.
3) ANCIENNES PORCHERIES
Seul bâtiment perpendiculaire à la cour, il devait être, à l'origine, beaucoup plus vaste et devait servir de cellier avec un accès au potager et aux caves. Au XVIIIème siècle, ce bâtiment fut transformé pour l'élevage de porcs et recouvert d'un toit de chaume.
4) LES ANCIENNES ÉCURIES
Ce long ensemble de bâtiments, fermant la cour au nord, devait, jadis être les anciennes écuries. Selon la Règle du Temple, chaque chevalier disposait de 3 chevaux, dont un destrier pour le combat et deux sommiers pour le transport. Transformé en salle polyvalente, cet ensemble a perdu son caractère et est inaccessible à la visite.
5) LE LOGIS DU COMMANDEUR
Bien qu'une grande partie de la maçonnerie date du XIIIème siècle, comme en témoignent les fenêtres gothiques en arc brisé et les murs appareillés en moellons, le corps de logis fut profondément remanié par les Hospitaliers au XVème siècle. En effet, l'adjonction d'une tour octogonale en façade et l'ouverture de 8 fenêtres à meneaux obligèrent les Hospitaliers à éventrer les purs en moellons templiers pour les remonter en brique et calcaire. L'ouverture, par les fermiers, d'une porte à l'emplacement des fenêtres à croisillons de pierres fut l'objet des premiers chantiers de restauration réalisés dans les années 1970. Au fond du passage situé entre la chapelle et la logis, une tour octogonale en gros grès abritait l'escalier templier, utilisé pour accéder à l'étage. L'escalier a, en partie, disparu, et la tour a perdu sa partie haute et sa toiture. Le logis, en cours de restauration, souffre d'instabilité et reste interdit à la visite.
6) LE COLOMBIER
Cette tour cylindrique, en saillie sur la cour, fut probablement édifiée aux alentours du XVIIème siècle, à l'emplacement de l'ancienne porte templière qui servait d'accès à la salle du chapitre. L'accès à l'étage permet d'observer les 393 niches pour pigeons, construites en chaux. Le colombier a été, de tout temps, une marque de prestige et de richesse. En effet, le nombre de nichoirs permettait d'évaluer la surface de terre possédée par les propriétaires ; surface estimée à 500 hectares pour la Commanderie.
De l'étage on a une vue sur la chapelle (dernière photo ci-dessus).
7) LA SALLE DU CHAPITRE
D'après sa voûte d'arêtes et ses murs aveugles de style roman, on peut dire qu'elle date du XIIème siècle. Cette salle servait probablement à la réunion hebdomadaire des Templiers de la commanderie.
Cette salle capitulaire avait une double fonction. C'était la salle de lecture quotidienne des textes sacrés et de la Règle de l'ordre. Chaque semaine, le chapitre, c'est-à-dire l'ensemble des moines de la communauté, se réunissait à huit clos, pour discuter, régler les problèmes et appliquer des sanctions en cas de non respect de la Règle.
Son architecture est romane. Voûtée d'arêtes retombant au centre sur quatre colonnes couronnées de chapiteaux sculptés, seules les deux piles les plus proches de la chapelle sont originales. En effet, jusqu'en 1968, cette salle faisait office de fromagerie et d'écurie. Il faudra attendre les chantiers de restauration des années 70 pour que cette salle retrouve, en partie, son aspect d'origine.
Les Sceaux Templiers et les routes des croisades XIe - XIIIe siècles
Maquette réalisée en acier et cuivre par les élèves du lycée professionnel Georges CORMIER
Le Toron des Chevaliers
Toron du vieux français "éminence" ou "colline isolée" est dans le village actuel de Tibnine, au Liban.
C'est une importante forteresse construite en 1102, dans le royaume de Jérusalem. Un grand nombre de batailles font passer la forteresse entre les mains de multiples seigneurs chrétiens et musulmans.
En 1107, le château appartient aux Templiers. Il tombe aux mains de Saladin, en 1187. Le château de Toron est à nouveau aux Templiers en 1229. De 1239 jusqu'en 1241, Toron est sous occupation Musulmane.
Il est définitivement aux mains des musulmans par la victoire du sultan Mamelouk, Ak Zahir Bayars, en 1266.
Il n'en reste aujourd'hui que quelques ruines.
Être Templier en Terre Sainte
En campagne :
En campement, les frères sont tenus de ne pas utiliser leur cheval pour traverser le bivouac. Il doit faire à pied. Lorsque l'ordre est donné de lever le camp, rien ne doit rester de leur passage. Les tentes sont placées tout autour de celle qui fait office de chapelle. Pour la corvée de bois, on envoie les écuyers en groupe. Cependant, le chevalier est tenu de garder l'un de ses deux écuyers avec lui.
Le moitié des Templiers entendent la messe et les heures (prières) ; les autres gardent le campement. De manière générale, toutes les consignes sont faites pour faire face en permanence à une éventuelle embuscade.
Les déplacements :
Ils attendent que l'ordre en soit donné pour monter en selle. Ils se déplacent en colonne et chacun a une place bien définie. Si cette marche est nocturne, le silence absolu doit être respecté.Si l'un d'eux est contraint de faire un déplacement en dehors de la colonne, il doit le faire après en avoir reçu la permission et contre le vent, afin que le sable et la poussière, surtout en Terre Sainte, n'aillent pas aveugler ses compagnons d'armes.
Pour abreuver les chevaux on doit se rendre au point d'eau en force. Jamais seul, pour pouvoir faire face à une embuscade.
Il est primordial de prendre grand soin de sa monture, parce qu'en Terre Sainte les chevaux sont rares et difficiles à se procurer.
Création de l'ordre
Fin du IVe siècle, l'empereur Constantin 1er fait construire une rotonde au dessus du tombeau du Christ. Xe siècle, Jérusalem est aux mains de musulmans qui veulent détruire toutes traces de ce tombeau. XIe siècle, l'empire Byzantin, chrétien, essuie des défaites et fait appel au pape pour obtenir de l'aide de l'occident.
En 1095, le pape Urbain II, à son tour, fait appel à Byzance et au roi de France pour la reconquête de Jérusalem. Ces derniers ne répondent pas. Cependant de nombreux seigneurs prennent la route pendant trois années et c'est une armée estimée à 12 000 hommes qui prend Jérusalem le 15 juillet 1099. Parmi eux : Godefroy de Bouillon, futur roi de France, Philippe 1er. Godefroy meurt un an plus tard et c'est son frère qui lui succède sous le nom de Baudoin 1er.
Les pèlerins font désormais la plus grande partie du chemin par bateau. Mais une fois débarqués, leur sécurité est très précaire et les embuscades sont nombreuses sur les routes qui gravissent les hauteurs de Jérusalem. Les "Pauvres Chevaliers du Christ" sont créés à l'initiative d'Hugues de Payns. Leur vocation est uniquement défensive : escorter les pèlerins du débarquement jusqu'à Jérusalem.
En 1118, Baudoin II succède à son cousin, Baudoin 1er et en 1119 accueille cette milice dans son palais et lui alloue l'ancien Temple de Salomon. C'est alors que les "Pauvres Chevaliers du Christ" prennent le nom de "Chevaliers du Temple". On les nomme par extension les Templiers. Bien que leur fonction soit forcément guerrière, leur raison d'être est religieuse et c'est l'orientation qu'ils prennent. Ce sont des Chevaliers qui se considèrent comme des moines et s'inspirent de la règle de Saint Augustin.
En 1127 Hugues de Payns et cinq de ses compagnons se rendent à Rome pour demander au pape Honorius II de reconnaitre officiellement l'Ordre du Temple et d'en établir la règle. Soutenus par Saint Bernard, ils sont devenus suffisamment nombreux pour que leur demande soit examinée avec sérieux. Le 13 janvier 1128, le concile de Troy en présence d'Hugues de Payns, est présidé par Matthieu d'Albario, légat du pape et d'éminents archevêques et évêques y participent. L'Ordre du Temple est désormais officiellement reconnu par l’Église et la règle en est établie, inspirée de la règle de Saint Bernard.
La Chapelle Sainte Anne de la Commanderie de Coulommiers a été fondée par les Templiers entre la fin du XIIe siècle et 1210, datation du décor polychrome. Redécorée par les Hospitaliers au XVe et XVIe siècles, la chapelle souffrira essentiellement de son état de grange à foin entre les XVIIIe et XXe siècles.
La chapelle suit un plan rectangulaire, son transept estsymbolisé par deux portes latérales et son chevet est plat. Seule la voûte sur croisées d'ogives a des proportions toutes autres, puisqu'elle plafonne à 11 mètres de hauteur.La hauteur de cette voûte est rendue possible grâce aux quatorze contreforts en grès qui cernent le bâtiment de toute part. La voûte est composée de 4 croisées d'ogives reposant sur 10 culots (ou consoles) sculptées de motifs végétaux ou de têtes humaines.
La chapelle est lumineuse. Onze baies ouvrent le chevet à l'est et les murs sud et nord de la chapelle. Aujourd'hui protégées par du plexiglas, les fenêtres étaient autrefois fermées par des viraux colorés, si l'on en croit le morceau de verre violet de 7 cm retrouvé en 1969.
9) LA CAVE
Cette cave templière comporte deux salles : la plus proche est voûtée en berceau, la seconde est voûtée d'arêtes asymétriques qui retombent sur une colonne centrale courte et très massive. Cette dernière salle est prolongée par un souterrain, aujourd'hui écroulé, qui débouchait dans la campagne voisine. Ces deux salles sont en cours de restauration et d'aménagement.
Article suivant : le jardin médiéval de la commanderie des templiers
Sources : "Les amis du musée du papier" et une visite sur place
Le Jardin médiéval est en préparation.
Ecrit par Balkiara, le Dimanche 13 Juillet 2014, 23:12 dans la rubrique "Journées Culturelles".
Commentaires
dragonia
14-07-14 à 09:56
très bien fait ton article, je crois revivre notre visite !
tu as su rendre cela intéressant sans que ce soit austère, merci
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